Il y a des moments, mon patron m’appelle, affolé, pour me demander un papier
urgent pour boucler ou plutôt pour renouveler un article de WMC (selon les
rubriques) ; ça s’appelle un article sur commande et tous les journalistes
au monde en ont un sous le coude en cas d’urgence, mais quand on est un
novice, on reste un peu baba et on cherche, parce que pas de papier pas de
salaire, et comme il faut payer l’électricité, l’eau, le loyer, le
téléphone, les traites de la voiture populaire, celles de la télé, des
meubles, de la cuisinière, il restera que les yeux pour pleurer, alors il
faut que je m’incline …
Je me souviens quand j étais moins vieille, les journalistes ressortaient
régulièrement un sujet qu’ils développaient : est-ce que le Titanic a
vraiment coulé ? Est-ce que Hitler est vivant ? Est-ce que la baleine
blanche de l’Antarctique est arrivée en Méditerranée ?, etc. ; ça
remplissait des colonnes. Cela s’appelle un sujet récurrent et inépuisable
comme l’énergie solaire.
Chez nous, nous avons un sujet récurrent qui, lui
aussi, est inépuisable : le fonctionnement de notre administration qui,
chaque jour, se donne des bâtons pour se faire battre. Je précise auparavant
que je voudrais uniquement donner un avis fourni par un entrepreneur qui
exerce depuis plus de 30 ans, qui, après un long soupir, me dit : «si
Einstein se présentait à Tunis et qu’on lui demande une copie de son
diplôme, une attestation fiscale, une attestation CNSS et une attestation de
non faillite et un certificat de non influence …», il n’aurait rien compris
et serait retourné dans sa Pologne natale …. Que voulez vous, tout est
relatif.
Il y a aussi l’actualité qui reste toujours aussi brûlante comme ce baril
qui flambe et qui est passé de 2$ en 1973 à 100$ en 2007 ; après tout, ce
n’est pas beaucoup, il n’a augmenté que de 12% par an en moyenne, et parfois a évolué moins vite que
certains produits que l’Occident nous vend hors de prix. On peut se demander
où il va à cette vitesse qui ne cause, encore une fois, que du tort aux
pauvres Africains qui n’ont que du bois pour se chauffer …
Pour clore ce papier et parler d’Afrique, je regarde d’un air désabusé cette
arche de Zoé qui chavire sous les contradictions des uns et des autres car,
dans tout ça, il y a des gosses qui subissent le contrecoup des marchandages
honteux !
Il y a des moments, mon patron m’appelle, affolé, pour me demander un papier
