[31/10/2007 20:22:55] PARIS (AFP) L’équipementier en télécoms Alcatel-Lucent, toujours empêtré dans sa récente fusion, a annoncé mercredi 4.000 nouvelles suppressions de postes, un plan de la dernière chance pour la direction aussitôt dénoncé par les syndicats. Le groupe, issu de la fusion en décembre 2006 entre le français Alcatel et l’américain Lucent, a enregistré un chiffre d’affaires de 4,35 milliards d’euros, en baisse de 7,8% sur un an. De même, il accuse au troisième trimestre une perte nette de 258 millions d’euros contre un bénéfice de 532 millions pour la même période l’an dernier. En revanche, la marge brute à 34,2%, est une bonne surprise pour les analystes. Alcatel-Lucent est confronté à plusieurs problèmes. Comme les autres équipementiers européens, il fait face à la concurrence féroce des Chinois, mais souffre aussi de difficultés spécifiques dans le mobile aux Etats-Unis. Pour redresser la barre, le groupe a décidé un “plan d’action agressif” qui prévoit notamment de nouvelles suppressions de postes et une réorganisation de la direction autour de la directrice générale Patricia Russo. Cette dernière, comme le président, Serge Tchuruk, les deux principaux acteurs de la fusion, n’ont plus le droit à l’erreur après ce nouveau plan de restructuration. D’ici 2009, 4.000 emplois supplémentaires seront supprimés. Au début de l’année, le groupe avait déjà revu à la hausse le nombre de suppressions d’emplois à 12.500 (dont 1.468 pour la France), contre 9.000 auparavant (au moment de la discussion des modalités de la fusion). Avec ces nouvelles coupes, les effectifs du groupe auront fondu de 26% d’ici 2009. Le plan permettra 400 millions d’euros d’économies qui s’ajouteront au 1,7 milliard d’euros déjà prévues. La direction a refusé de préciser la répartition géographique de ces nouvelles réductions. Elles devraient toutefois concerner les marchés où le groupe connaît le plus de difficultés, en l’occurence les Etats-Unis. Le groupe pourrait aussi sabrer dans les pays –entre 15 et 20– où sa présence n’est pas rentable, le support client serait alors assuré de manière différente, s’est borné à déclarer Mme Russo lors d’une conférence d’analystes. La dirigeante n’a pas non plus exclu que la France soit touchée. Alcatel-Lucent a aussi annoncé le départ du directeur financier, Jean-Pascal Beaufret, qui a accompagné toute la procédure de la fusion.
Un comité exécutif de sept personnes a été créé. Responsable de la direction opérationnelle du groupe, il répondra directement à Mme Russo. L’équilibre entre Américains et Français que la direction avait jusqu’à maintenant voulu préserver n’est plus de mise. Sur les sept membres, cinq sont des ex-Alcatel. Opposés à ces nouvelles réductions d’effectifs, les syndicats CGT, CFDT et CFTC ont dénoncé le refus de la direction “de changer une stratégie perdante”, lui reprochant de ne pas avoir parlé des “difficultés rencontrées dans la gouvernance de l’entreprise: équilibre ex-Alcatel/ex-Lucent, Français/Américains, top management discrédité”. “Les salariés européens, après une année traumatisante et un conflit social sans précédent, n’accepteront pas une seule suppression d’emploi supplémentaire en France et dans l’UE”, a prévenu la CFE-CGC, qui exige une “stratégie plus forte”. Plusieurs centaines de salariés des quatre sites Alcatel-Lucent dans l’Ouest de la France ont débrayé pendant une heure mercredi pour marquer leur inquiétude. “Les résultats de ce trimestre sont en ligne avec les informations fournies le 13 septembre, voire légèrement meilleurs dans certains domaines, mais ils ne sont toujours pas à un niveau satisfaisant”, a reconnu Mme Russo. Le 13 septembre, le groupe avait lancé son troisième avertissement sur résultats depuis le début de l’année, revoyant à la baisse sa croissance pour 2007. Mercredi, Alcatel-Lucent a confirmé qu’il prévoyait une croissance “à peu près nulle” des ses revenus de cette année. Il y a quelques mois, le groupe tablait sur une croissance d’environ 5%. Après avoir bondi de plus de 3% à l’ouverture à la Bourse de Paris, le titre Alcatel-Lucent a clôturé en hausse de 1,06% à 6,70 euros, dans un marché en hausse de 0,76%. |
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