[31/10/2007 19:55:48] AJACCIO (AFP) Les attaques portées mardi par Nicolas Sarkozy contre le coût de l’aide aux transports à destination de la Corse et sa volonté de faire une place aux compagnies “low-cost”, a entraîné mercredi le blocage par le personnel de la Compagnie Corse Méditerranée (CCM) de six vols au départ d’Ajaccio et de Bastia. La direction de la CCM a déclaré “comprendre les inquiétudes du personnel et souhaité que le malentendu qui s’est instauré soit clarifié au plus vite”, estimant que le président avait été “mal briefé”. La directrice commerciale de la CCM Isabelle Guyot a été très claire: “si des compagnies à bas coût s’installent sur la Corse, cela portera atteinte au service de continuité territoriale, à nos activités. On fermera la porte”. Ce plaidoyer en faveur des “low-cost” a également provoqué une bronca jusque dans les rangs des élus de la majorité. Le président de la commission des transports auprès de la Collectivité territoriale de Corse (CTC) Antoine Sindali (UMP) s’est dit surpris des propos du président, estimant qu’il y avait un “malentendu” et qu’il avait été “mal conseillé”. Un autre proche de la majorité, Philippe Ceccaldi, président du groupe Corse nouvelle, a jugé que son intervention “laissait apparaître une méconnaissance du dossier”. Mercredi, l’Elysée, dans un communiqué de mise au point, a souligné que “le président de la République tient à rappeler son attachement à la continuité territoriale ainsi qu’à la fiabilité et à la qualité du service public du transport aérien entre la Corse et le continent”. “Le chef de l’Etat souhaite un débat ouvert et constructif sur les conditions et les modalités de la desserte aérienne de la Corse dont l’objectif commun est de développer le trafic et de permettre au plus grand nombre de passagers d’avoir accès à la desserte au meilleur prix, en tenant compte de l’ensemble des impératifs sociaux et économiques de l’île”, ajoute le texte. La veille, devant l’Assemblée de Corse, M. Sarkozy avait déclaré qu’il allait proposer, à l’occasion de la révision des obligations de service public de la CCM, de les structurer différemment pour laisser une place aux compagnies low-cost. “Je ne comprends pas pourquoi l’ensemble du territoire français peut aujourd’hui trouver des vols à trente euros sur des compagnies à bas coût sauf la Corse. On me dit que c’est à cause des obligations de service public mais c’est une curieuse conception du service public que celle qui empêche une compagnie de proposer, sans subvention, une offre de vol à prix réduit”, avait-il dit. La continuité territoriale qui consiste à assurer un service public entre la Corse et le continent toute l’année, passe par la desserte de l’île à partir des aéroports de trois villes: Nice, Marseille et Paris-Orly. Ces lignes sont soumises à un appel d’offres de la CTC qui définit notamment la fréquence des vols, le nombre de sièges offerts et leurs tarifs et fixe le montant de l’aide versée en compensation des contraintes imposées. Cet appel est ouvert aux compagnies “low-cost” et à toutes les compagnies européennes. Mais lors du dernier appels d’offres, en 2005, aucune compagnie ne s’est déclarée intéressée par les vols de la continuité territoriale. Et aucune compagnie ne s’est précipitée non plus pour assurer les vols vers la Corse à partir des autres aéroports français. Sauf évidemment pendant la période estivale, la plus rentable. Actuellement, pour un résident corse, avec la taxe aéroportuaire la plus haute de France et peut-être d’Europe – 72 euros par vol aller-retour -, le prix d’un vol vers la capitale est de 194 euros. |
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