[01/11/2007 16:23:05] WASHINGTON (AFP) Le nouveau directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, veut aller “plus vite et plus loin” dans la réforme de l’institution dont il a pris la tête jeudi. “J’ai été choisi pour la réforme et maintenant je vais avancer en construisant sur ce que Rodrigo Rato a fait ces dernières années, mais en allant plus vite et plus loin”, a-t-il promis en prenant ses fonctions. Créé en 1944, le FMI est confronté à de graves difficultés financières et une double crise de légitimité et de représentativité, les pays pauvres et émergents revendiquant davantage de pouvoir. M. Strauss-Kahn, vêtu d’un costume bleu sombre, a été accueilli par son prédécesseur, l’Espagnol Rodrigo Rato, peu après 12H30 GMT dans le hall du FMI. M. Rato a démissionné fin juin pour raisons personnelles, deux ans avant l’échéance de son mandat. Il avait lancé en 2005 une réforme, dont le terme est fixé à l’automne 2008 avec un important rendez-vous en avril. “Le mandat de l’institution n’a pas changé”, a poursuivi M. Strauss-Kahn, mais “le monde dans lequel elle doit travailler a évolué singulièrement, donc nous devons nous adapter”. “Par exemple, la crise que nous avons connue cet été sur le marché hypothécaire américain n’a rien à voir avec les questions de taux de change telles qu’elles existaient il y a soixante ans”, a-t-il estimé. L’ancien ministre français des Finances, qui était accompagné de son épouse Anne Sinclair, a ensuite gagné son bureau, où l’attendait le numéro deux de l’institution, l’Américain John Lipsky.
M. Strauss-Kahn, en campagne pour ce poste depuis l’été, n’a fourni aucun détail sur son programme. “J’espère pouvoir vous revoir dans quelques semaines pour vous parler davantage de ce que nous avons prévu, de ce que nous avons décidé”, a-t-il dit. La tâche du nouveau dirigeant est double: faire en sorte que le FMI — qui ne prête quasiment plus d’argent et exerce sur l’économie mondiale une surveillance controversée — ait à nouveau une utilité indiscutable. Et que ses 185 membres aient l’impression de participer équitablement à l’élaboration de sa stratégie, aujourd’hui dominée par ses actionnaires de référence, l’Europe et les Etats-Unis. “Il faut faire en sorte que le Fonds appartienne à tout le monde comme c’était prévu à l’origine”, a dit M. Strauss-Kahn: “Aujourd’hui, on sait qu’un certain nombre de pays considèrent qu’ils ne sont pas assez écoutés, notamment les pays émergents”. Une première tentative de rééquilibrage des pouvoirs a eu lieu à l’automne 2006 au profit de Chine, de la Corée du Sud, du Mexique et de la Turquie. La prochaine étape est fixée en avril. “Gageons que les pays les plus riches assumeront leurs responsabilités en lui permettant d’assumer ses engagements”, relève Sébastien Fourmy, d’Oxfam. M. Strauss-Kahn “ne pourra en effet rien faire si ces pays, majoritaires au conseil d’administration du FMI, choisissent de freiner les décisions qui iraient en ce sens”, ajoute-t-il dans un communiqué. M. Strauss-Kahn n’a en revanche pas mentionné l’autre aspect délicat de la réforme à savoir celle du train de vie du Fonds, également au menu pour avril, et qui doit se traduire par des suppressions de postes. Les dépenses de fonctionnement du FMI, qui compte 2.691 employés, sont proches d’un milliard de dollars par an. Enfin, le candidat malheureux à l’investiture socialiste lors de la dernière élection présidentielle, a rejeté toute question sur la vie politique française. “Je savais bien que vous alliez me poser une question comme comme cela mais vous saviez aussi que je n’allais pas y répondre”, a-t-il dit aux journalistes massés dans son bureau. |
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