[02/11/2007 17:27:44] BERLIN (AFP) L’Allemagne a accepté vendredi de transférer à terme les escales des avions cargo de Lufthansa du Kazakhstan vers la Russie, cédant ainsi aux exigences de Moscou, qui leur interdisait de survoler son territoire. Après cinq jours de conflit avec la Russie, que certains parlementaires allemands avaient qualifié de “chantage”, le ministre allemand des Transports, Wolfgang Tiefensee, a annoncé que le principal objectif des pourparlers avec Moscou serait désormais la mise au point d’un “calendrier pour le déménagement de Lufthansa Cargo vers l’aéroport russe de Krasnoïarsk”. Ce déménagement sera “conditionné à la création d’une infrastructure qui permette les atterrissages sur cet aéroport par tous les temps”, a ajouté le ministre. La compagnie aérienne, de son côté, a insisté sur les difficultés techniques de cette opération, qu’elle considère comme “impossible à court terme”, notamment parce que l’aéroport de Krasnoïarsk n’est pas suffisamment équipé pour faire face aux mauvaises conditions météo. Le différend, qui durait depuis dimanche soir, portait sur l’aéroport choisi par la Lufthansa pour y installer son “hub” (plate-forme de corresponsance) desservant l’Asie. Actuellement, ce “hub” est implanté à Astana, au Kazakhstan, mais Moscou a demandé à Lufthansa d’y renoncer au profit d’un aéroport sibérien, comme Krasnoïarsk ou Novossibirsk. Les droits d’escale représentent de très importants revenus pour les aéroports d’accueil. Contrairement à d’autres compagnies aériennes européennes de fret qui disposent d’avions long courriers, la Lufthansa Cargo est contrainte de faire escale en Asie centrale car elle utilise des avions moyen-courriers McDonnell Douglas MD-11. Pour rejoindre Astana, les avions de la Lufthansa étaient jusqu’à présent autorisés à survoler le territoire russe, mais cet accord a pris fin dimanche dernier. D’après le ministère russe des Transports, Moscou a saisi cette occasion pour demander à Berlin de négocier un nouvel accord, qui incluerait le déménagement de la compagnie allemande en Sibérie. Aucun accord n’ayant été trouvé à temps, les avions de la Lufthansa ont été subitement contraints, depuis lundi, d’opérer un long détour par le Sud, qui coûtait à l’entreprise 600.000 litres de kérosène par semaine, selon ses estimations. Vendredi après-midi, le ministère russe des Transports a concédé un geste de détente en annonçant qu’il prolongeait jusqu’au 15 novembre l’accord autorisant les avions de Lufthansa Cargo à survoler son territoire. “Cela montre qu’il était juste de chercher une solution avec nos partenaires russes à la table des négociations”, a commenté dans un communiqué M. Tiefensee, avant d’annoncer, dans le même document… qu’il cédait largement aux revendications russes. Ce conflit, qui a finalement tourné à l’avantage de Moscou en moins d’une semaine, avait été suivi de près par les services de la chancelière allemande Angela Merkel, ainsi que par les ministères des Affaires étrangères, de l’Economie et des Transports. La question avait même fait l’objet de deux conversations téléphoniques entre le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier et son homologue russe Sergueï Lavrov. L’affaire risque cependant de laisser des traces amères en Allemagne, où plusieurs députés, cités sous le couvert de l’anonymat par l’édition en ligne du magazine Der Spiegel, avaient accusé la Russie de chantage. “Les Russes veulent à tout prix que cet aéroport (Krasnoïarsk) serve de nouvelle plate-forme vers l’Europe. Il s’agit d’une affaire de plusieurs milliards que les Russes ne veulent pas lâcher”, avait commenté un député. |
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