Hausse du carburant : le gouvernement n’envisage pas de baisse de taxes

 
 
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La ministre de l’Economie et des Finances Christine Lagarde, le 16 octobre 2007 à l’Assemblée nationale (Photo : Jacques Demarthon)

[04/11/2007 16:36:49] PARIS (AFP) Face à l’envolée des prix du carburant, le gouvernement n’envisage pas de baisse de taxe et demande aux Français de moins utiliser leur voiture au profit du vélo ou du covoiturage, tout en maintenant le gel des prix du gaz.

“Nous évoluons avec des contraintes budgétaires qui ne nous permettent pas d’écraser les sources de revenus pour le budget de l’Etat”, a justifié la ministre de l’Economie et de l’Emploi Christine Lagarde, dimanche dans Le Parisien.

Le gazole a atteint cette semaine un record à plus de 1,14 euro par litre en moyenne, tandis que le super sans plomb 95 frôlait 1,30 euro, proche de son sommet historique de 1,35 euro en juillet 2006.

En France, l’essence est taxée à 74% et le gazole à 67%. La taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP) devrait rapporter quelque 19 milliards d’euros cette année, dans un contexte budgétaire délicat.

Le gouvernement a pris du retard par rapport à la promesse faite à Bruxelles par le gouvernement Villepin de résorber les déficits publics d’ici à 2010, choisissant de privilégier de coûteuses mesures de relance comme le “paquet fiscal”, s’attirant de vives critiques des autorités européennes.

Une baisse de la TIPP irait aussi à contre-courant du projet de “taxe carbone”, à l’étude dans le cadre du Grenelle de l’environnement.

Face à une augmentation durable des cours pétroliers, Mme Lagarde invite les Français à modifier leurs comportements: conduire moins vite, comparer les prix à la pompe, délaisser la voiture sur les petits trajets au profit de la marche ou du vélo, ou penser au covoiturage.

Mais la grogne monte chez les consommateurs et les professionnels.

Les représentants des marins-pêcheurs menacent de durcir leurs actions s’ils n’obtiennent pas un mécanisme pour compenser l’envolée du carburant. Ils seront reçus mercredi par le ministre de l’Agriculture et de la Pêche Michel Barnier.

Le président de la Fédération française des automobile-clubs et des usagers, Christian Gérondeau, a affirmé dimanche sur Europe 1 que la voiture n’était déjà utilisée que “quand c’est nécessaire”.

“Le trajet moyen en voiture est d’une dizaine de kilomètres, on ne va évidemment pas les faire en vélo”, a-t-il lancé, réclamant une baisse de la TIPP, impôt “anti-social” car d'”autant plus lourd à supporter qu’on a des revenus faibles”.

Vendredi, l’association de consommateurs CLCV avait demandé au gouvernement de se servir des taxes “pour amortir les hausses du pétrole” en plafonnant la TIPP, proposant aussi d’utiliser une part de cette taxe pour développer les transports en commun.

Le gouvernement Jospin avait brièvement expérimenté une TIPP “flottante” en 2001-2002 pour stabiliser les prix à la pompe, que les gouvernements suivants ont refusé de rétablir.

Force Ouvrière a demandé cette semaine “la mise en place effective” du chèque-transport, instauré en février, qui peut être proposé par les entreprises à leurs salariés en contrepartie d’exonérations de charges.

Mme Lagarde a en revanche affirmé que le gel des prix du gaz, indexés sur ceux du pétrole, serait maintenu. Le PDG de Gaz de France Jean-François Cirelli avait affirmé récemment que le gaz n’augmenterait pas d’ici à fin 2007.

La ministre compte sur les grands distributeurs pour ne pas augmenter leurs marges de vente sur le carburant, sous peine d’être convoqués à Bercy, avertit-elle, après avoir parlé de faire de même avec les compagnies pétrolières mardi.

Mme Lagarde s’est en revanche félicitée du niveau élevé de l’euro, d’ordinaire accusé par le gouvernement et le président Nicolas Sarkozy de plomber les exportations: “Face à la hausse des prix du pétrole, l’euro fort nous sert bien”.

 04/11/2007 16:36:49 – © 2007 AFP