[05/11/2007 13:50:54] PARIS (AFP) EADS a révélé lundi le coût très élevé du retard de son programme d’avion de transport militaire A400M, entre 1,2 et 1,4 milliards d’euros, et prévenu qu’il allait réviser son résultat d’exploitation pour 2007, une annonce aussitôt sanctionnée à la Bourse de Paris. Cette mauvaise nouvelle intervient au moment où le groupe européen d’aéronautique et de défense commençait à sortir la tête de l’eau avec l’entrée en service commercial de son avion géant Airbus A380. Elle a fortement déplu aux investisseurs. A 14H00 (13H00 GMT), l’action chutait de 4,76%, à 21,80 euros, dans un marché en baisse de 0,56%. “Même si tout le monde s’attendait à des charges supplémentaires, nous sommes surpris par leur montant extrêmement élevé”, ont observé les analystes de Exane BNP Paribas, dans une note. “La plupart des économistes s’attendaient à des provisions comprises entre 250 et 500 millions d’euros et un seul à un milliard d’euros”, a indiqué Peter Caldwell, analyste de Barclays. Conséquence de cette provision supplémentaire passée au troisième trimestre, le groupe européen d’aéronautique et de défense a prévenu qu’il allait réviser ses ambitions de résultat d’exploitation (EBIT) pour 2007, lors de la présentation de ses résultats trimestriels jeudi. Jusqu’ici, le groupe prévoyait un bénéfice d’exploitation “stable” par rapport aux 399 millions d’euros dégagés en 2006, où il avait été affecté par des coûts supplémentaires dus aux retards de livraison de son très gros porteur A380. En juillet dernier, il avait également dit tabler sur un chiffre d’affaires 2007 en “léger recul, sur la base d’un taux de change à 1,35 dollar”, prévenant que “le deuxième semestre serait plus faible que le premier”. Pour André Chassagnol, directeur de la recherche chez HPC, ces charges supplémentaires devraient donner lieu à un résultat d’exploitation négatif en 2007. Il souligne également que l’étendue totale des charges relatives à l’A380 et au financement du futur long courrier d’Airbus, l’A350 XWB, n’est pas encore connue. “Je n’ai aucune confiance dans la direction actuelle du groupe et je trouve incroyable que les dirigeants n’aient jamais étudié les coûts supplémentaires liés au retard de différents programmes, et le nombre d’années qui seront affectées par ces coûts”, écrit-il dans une note. La provision annoncée lundi “ne prend pas en compte de nouvelles difficultés potentielles qui pourraient découler de tests sur les avions ou les moteurs”, a précisé EADS, ajoutant qu’il restait en contact avec ses fournisseurs à ce sujet. Il s’agit d’une première estimation du coût de ces retards, “la meilleure qui puisse être actuellement établie à ce stade”. Le 17 octobre, EADS s’était résolu à annoncer que les premières livraisons de l’A400M, destinées à l’armée française, seraient “retardées de 6 mois”, c’est-à-dire au printemps 2010 contre octobre 2009, avec un “risque de glissement supplémentaire de 6 mois”. Ce rééchelonnement du programme était devenu nécessaire “en raison de la lente progression du développement du moteur, qui conditionne le vol inaugural de l’avion”, avait alors souligné le groupe. EADS avait également évoqué des dépassements d’échéance du développement des systèmes et le programme d’essais en vol très différent de celui des avions commerciaux d’Airbus. “Les défaillances du programme A400M montrent qu’EADS doit encore faire la preuve qu’il peut surmonter et améliorer une capacité d’exécution déficiente”, a observé Harald Liberge-Dondoux, analyste du Crédit Mutuel CIC. EADS avait déjà inscrit en mars une provision de 352 millions d’euros “au titre d’imprévus liés à l’A400M” dans les comptes d’Airbus pour le premier semestre 2007. “Les dépenses annoncées lundi viennent s’ajouter à ce montant”, a précisé un porte-parole. |
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