[05/11/2007 12:59:30] LONDRES (AFP) La crise qui a éclaté cet été sur le marché du crédit a fait échouer lundi un nouveau projet d’acquisition d’envergure: le fonds qatari Delta Two a renoncé à racheter le numéro trois de la distribution au Royaume-Uni, Sainsbury, dont il voulait s’emparer pour 15 milliards d’euros. Delta Two avait demandé le mois dernier une rallonge de 500 millions de livres (717 millions d’euros) à sa maison-mère, l’Autorité d’investissement du Qatar (AIQ), pour boucler le financement de son offre de 600 pence par action, soit environ 10,4 milliards de livres au total ou encore une vingtaine de milliards de dollars, qu’il avait proposée en juillet. Le fonds qatari voulait, selon le quotidien The Times, utiliser une partie de cette somme pour abonder le fonds de pension en déficit chronique des employés du groupe britannique. La famille Sainsbury, qui détient 18% du capital du groupe de supermarchés, avait fait savoir qu’elle n’approuverait l’offre des Qataris que si le financement de ce fonds de retraite était garanti. Mais l’AIQ n’a pas suivi, faisant capoter l’opération. L’AIQ possède 20% du capital de la Bourse de Londres et est l’un des fonds souverains les plus actifs des pays du Golfe, même s’il ne gère qu’environ 40 milliards de dollars d’actifs, une somme modeste par rapport aux 875 milliards de l’ADIA, son homologue d’Abou Dhabi (Emirats Arabes Unis). Delta Two a expliqué que la crise du marché du crédit avait fait grimper le coût du financement de son offre, diminuant par conséquent le rendement espéré de la transaction. Paul Taylor, qui pilotait ce projet de rachat pour le fonds qatari, a du reconnaître dans un communiqué que dans ces conditions, “une offre n’était malheureusement pas du meilleur intérêt pour ses actionnaires”. L’annonce a aussitôt fait chuter le cours de Sainsbury, qui perdait 19,37% à 447,50 pence à 12H00 locales et GMT, dans un marché londonien en repli de 1,45%. Delta Two, qui détient 25% du capital de Sainsbury, a cependant réaffirmé son soutien à la direction du groupe britannique, expliquant qu’il soutenait entièrement sa stratégie, alors que la chute du cours du distributeur a amputé de 550 millions de livres la valeur de sa participation, ce qui peut faire craindre qu’il cherche désormais à se débrarasser de ses titres. “Sainsbury est une excellente société, avec une solide équipe dirigeante, une forte position de marché et de bonnes perspectives de croissance à long terme”, a assuré M. Taylor. Dans un communiqué distinct, Sainsbury a annoncé avoir pris acte du retrait de la proposition d’achat du fonds qatari, et s’est dit confiant sur ses perspectives en tant que société indépendante, s’engageant à “poursuivre son plan de redressement et à améliorer ses performances”. Mais selon des analystes, le cours du groupe risque de rester durablement déprimé, Sainsbury ayant déjà découragé la plupart de ses acquéreurs potentiels. Un consortium formé par CVC Capital Partners, Blackstone et Texas Pacific Group avait en effet jeté l’éponge en avril dernier après plusieurs semaines de négociations, faute de s’être entendu avec le groupe sur son prix. Selon la presse, le trio avait proposé jusqu’à 10,1 milliards de livres à Sainsbury. Ce nouvel échec semble également de mauvaise augure pour le secteur financier de la City, alors que le boom des fusions-acquisitions ces dernières années avait fait les beaux jours des banques et des investisseurs de la place londonienne. Le mois dernier, un consortium d’investisseurs avait renoncé à racheter le groupe américain de prêts aux étudiants Sallie Mae pour plus de 25 milliards de dollars, expliquant que sa valeur avait été affectée par les remous des marchés financiers. La crise du crédit a également coûté leurs têtes aux patrons des banques américaines Citigroup et Merrill Lynch, et a plongé dans une grave crise de financement la huitième banque du Royaume-Uni, Northern Rock. |
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