“Subprime” : la facture finale pour la finance américaine encore à déterminer

 
 
[05/11/2007 17:38:32] NEW YORK (AFP)

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Le siège de la banque Citigroup à New York, le 11 avril 2007 (Photo : Don Emmert)

L’envolée des dépréciations annoncées par Citigroup, la première banque mondiale, sur son portefeuille de titres adossés à des créances hypothécaires, plonge la finance américaine dans une période d’incertitudes: quel sera l’ampleur réelle de la crise?

Avec le remplacement de son PDG Charles Prince, Citigroup a annoncé dimanche des dépréciations supplémentaires de 8 à 11 milliards de dollars sur son portefeuille, bien supérieures aux 2 milliards annoncés mi-octobre. Son résultat net du 4e trimestre s’en trouvera amputé de 5 à 7 milliards.

Et lundi matin, le groupe a averti dans une conférence téléphonique que qu’il demeurait encore “beaucoup d’incertitudes sur ce qui va se passer sur le marché”. Au final, les dépréciations pourraient être “supérieures ou inférieures” à ce qui vient d’être annoncé, a-t-il reconnu.

Le coût de cette crise pour Citigroup est le plus lourd enregistré par une grande banque américaine. Il est même supérieur aux 8 milliards de dépréciations annoncées par la banque d’affaires Merrill Lynch fin octobre.

Citigroup, comme Merrill Lynch, avait d’abord minimisé les pertes enregistrées sur le marché de la titrisation de crédits “subprime”. Ces crédits accordés aux ménages financièrement fragiles ont vu leur valeur s’effondrer alors que se multipliaient les défauts de paiements par les ménages et les saisies immobilières. Et plus aucun intervenant n’a voulu acheter les titres qui y sont adossés et dont les deux banques s’étaient faites une spécialité.

Dans son opération vérité, Citigroup a reconnu sa très grande exposition à ce marché pourtant spéculatif: fin septembre, son portefeuille de titres adossés à des crédits hypothécaires s’élevait encore à 55 milliards.

Sur ce total figurent 2,7 milliards de crédits adossés à des créances subprimes qui valent “presque zéro” ainsi que “8 milliards en discussion”.

Merrill Lynch avait de son côté procédé à quelque 8 milliards de dollars de dépréciations, le double de ce qu’elle avait annoncé trois semaines plus tôt. Cet écart avait tellement choqué le marché que son PDG Stanley O’Neal avait été le premier à sauter.

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Le siège de Merrill Lynch à New York, le 29 octobre 2007 (Photo : Mario Tama)

Charles Prince chez Citigroup a été victime de la même logique. Certains analystes s’interrogent maintenant sur le sort de Jimmy Cayne, le patron de Bear Stearns, autre banque exposée aux “subprimes”.

Comment savoir si la dégringolade est terminée ? “Le pire est que l’ampleur de la crise est inconnue”, commente Marc Pado, analyste de Cantor Fitzgerald.

Citigroup a expliqué que si elle avait brutalement relevé l’estimation de ses pertes, c’était en raison de la décision des agences de notation d’abaisser en octobre les notes qu’elles attribuent aux émissions obligataires adossées aux subprime, ce qui a mécaniquement obligé la banque à dégrader leur valeur dans son portefeuille.

“Mais il n’y a presque pas de transactions sur ces titres actuellement, donc il est difficile de connaître leur valeur”, a reconnu la banque.

L’agence Standard & Poor’s a annoncé réfléchir à un possible abaissement de la note de Citigroup, qui est notée “AA” (soit deux crans au dessous de la note maximale possible) pour sa dette long terme.

“L’ampleur de ces dépréciations pousse à s’interroger sur la gestion du risque” de l’établissement, a souligné S&P.

La pression d’étend maintenant aux société d’assurance de crédit: l’indice ABX, qui mesure l’assurance contre les défauts de paiements, a chuté de 8,5% en octobre, alors que sa chute était limitée à 0,5% par mois au cours des mois précédents. A tel point que les marchés craignent un effet domino dans l’ensemble du secteur financier, malgré des résultats d’entreprises plutôt bons. L’assureur de crédit Ambac a ainsi vu son titre chuter de 70% depuis le printemps.

 05/11/2007 17:38:32 – © 2007 AFP