Chine : l’explosion de la Bourse crée des géants virtuels

 
 
CPS.HNS08.061107125457.photo00.quicklook.default-245x178.jpg
Jiang Jemin, le président de PetroChina à la Bourse de Shanghai, le 5 novembre 2007 (Photo : mark ralston)

[06/11/2007 11:58:42] PEKIN (AFP) PetroChina a beau être devenue la première valorisation boursière au monde, la compagnie pétrolière, comme d’autres entreprises chinoises, bénéficie surtout de l’exubérance de la Bourse qui ne reflète pas forcément sa valeur réelle.

“Que PetroChina soit la première capitalisation boursière au monde ne fait aucun doute. Qu’elle en ait la puissance opérationnelle et concurrentielle, on peut en discuter”, relève Liu Youcheng, de Hongyuan Securities à Pékin.

“D’une certaine manière, on peut dire que c’est la bulle du marché des actions A (libellées en yuans) qui l’a aidée”, ajoute-t-il.

Portée par une Bourse qui a pris 130% l’an dernier et déjà quelque 120% cette année, la valeur de marché de PetroChina a tourné lundi autour de mille milliards de dollars lors de son introduction à Shanghai.

“Dans cet environnement spécial, le prix des actions aussi est spécial”, pointe l’analyste, pour lequel il ne fait aucun doute que la valeur d’Exxon Mobil — la plus importante capitalisation boursière avant d’être supplantée par PetroChina — aurait également explosé, en cas d’introduction sur ce marché.

Le prix des titres ne tient pas forcément compte des critères pesant habituellement: chiffre d’affaires, bénéfices ou perspectives de développement.

CPS.HNS08.061107125457.photo01.quicklook.default-245x163.jpg
La salle des marchés de la Bourse de Hong Kong, le 6 novembre 2007 (Photo : Mike Clarke)

“Le système actuel, assez fermé, laisse peu de choix aux épargnants et cela a contribué à assurer la hausse des actions même avec de nombreux fondamentaux bien à la traîne”, a commenté dans une note Mark Williams de Capital Economics.

En terme de chiffre d’affaires, PetroChina n’a d’ailleurs pas intégré la liste des cinquante entreprises les plus riches au monde, même si elle a rejoint la cohorte des compagnies chinoises s’étant récemment hissées parmi les principales valorisations: Sinopec, premier raffineur d’Asie, China Mobile, premier opérateur mobile mondial en nombre d’abonnés, ICBC, la banque qui avait signé en octobre 2006 la plus grosse introduction en Bourse de l’histoire, simultanément à Hong Kong et Shanghai.

Dernièrement une compagnie d’assurance s’est même hissée au sein de ces champions: China Life Insurance Co., Ltd, la plus grande société d’assurance-vie de Chine, qui a déclaré la semaine dernière 24,7 milliards de yuans de bénéfices nets au cours des neuf premiers mois de l’année (3,3 milliards de dollars).

“Le fait que cinq compagnies chinoises figurent dans les dix plus grandes valorisations boursières justifie que les investisseurs s’inquiètent que le marché soit devenu trop cher”, notait mardi l’éditorialiste du China Daily.

Mais la bulle à Shanghai n’explique pas tout: mardi c’est à Hong Kong, que la société chinoise de commerce en ligne Alibaba.com a réussi une excellente introduction, avec un titre qui a plus que doublé dans les minutes suivant le début de la cotation pour finir en hausse de plus de 190%.

“La hausse d’Alibaba est un peu spéculative, rappelant un peu les premières introductions aux Etats-Unis de valeurs internet chinoises”, comme Baidu, affirme Jackson Wong, de Tanrich Securities à Hong Kong.

Et si l’action d’Alibaba est “un peu surévaluée”, c’est, selon lui “qu’il s’agit non seulement d’une action internet mais aussi d’une action d’une compagnie de Chine”, et que la combinaison de ces facteurs multiplie les raisons d’attendre un fort potentiel de croissance.

 06/11/2007 11:58:42 – © 2007 AFP