Les salariés des Echos poursuivent leur grève après la vente à LVMH

 
 
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Les salariés du journal Les Echos sont rassemblés le 6 novembre 2007 dans le hall du quotidien à Paris (Photo : Bertrand Guay)

[06/11/2007 18:39:48] PARIS (AFP) Les salariés des Echos , sonnés par l’annonce de la cession de leur titre à LVMH, se sont mis en grève pour le deuxième jour consécutif mardi, alors que la vente du titre rival La Tribune, que le géant du luxe doit céder, pourrait s’accélérer.

Réunis en assemblée générale, les salariés ont voté à une large majorité en faveur d’une nouvelle non-parution du journal mercredi.

La veille, ils avaient déjà décidé de stopper la fabrication du quotidien, après l’annonce par Pearson de la vente du groupe Les Echos à LVMH, dirigé par Bernard Arnault , pour 240 millions d’euros.

“Nous sommes conscient que c’est un vrai handicap pour nos lecteurs, mais nous devons manifester notre opposition à cette vente”, a expliqué le président de la société des journalistes (SDJ), Vincent de Féligonde.

Dans la matinée, la rédaction avait accueilli sous les huées le représentant de Pearson, David Bell, venu assister à un comité d’entreprise.

“Je sais que vous n’êtes pas d’accord et je le respecte, mais nous avons négocié avec LVMH le meilleur accord en terme d’indépendance éditoriale de tous les journaux en Europe”, leur a-t-il déclaré.

Mais pour les journalistes, choqués par la “brutalité” de l’annonce, les garanties éditoriales et sociales proposées par LVMH ne sont pas “verrouillées”.

Concernant les garanties sociales, “nous ne connaissons pas la valeur juridique de ce document devant les Prud’hommes”, a souligné Katty Cohen, déléguée syndicale SNJ-CGT.

Sur le plan éditorial, la rédaction souhaite obtenir un droit de veto “sur la modification des statuts”, jugeant que le droit de veto sur la nomination du directeur de la rédaction proposé par LVMH est “insuffisant”.

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Les salariés des Echos rassemblés le 6 novembre 2007 dans le hall du quotidien à Paris (Photo : Bertrand )

Parallèlement, les représentants des salariés sont déterminés à poursuivre la bataille sur le terrain judiciaire. Le comité d’entreprise a mandaté son secrétaire pour qu’il poursuive la direction au pénal pour délit d’entrave.

L’annonce de la vente a provoqué de nombreuses réactions dans le monde politique.

“C’est une formidable nouvelle” pour le journal, a estimé Georges-Marc Benamou, conseiller de Nicolas Sarkozy, tout en jugeant “possibles” des conflits d’intérêt.

“Le choix du groupe LVMH comme repreneur a pleinement respecté le droit de la concurrence” et le groupe a “pris des engagements tout à fait substantiels” en matière d’indépendance, a souligné pour sa part la ministre de la Culture, Christine Albanel.

Le socialiste Jean-Marc Ayrault a revanche estimé que la vente des Echos était une “question vraiment dramatique du point de vue du pluralisme de l’information”.

Du côté de LVMH, le calendrier devrait désormais se précipiter. L’accord conclu avec Pearson doit être formalisé, avant que le dossier soit transmis aux autorités de la concurrence.

Pour obtenir au plus vite le feu vert des pouvoirs publics, LVMH compte se désengager rapidement de La Tribune .

Le nom du repreneur pressenti sera examiné jeudi en comité d’entreprise, mais l’ouverture de négociations exclusives pourrait se faire sans attendre, avec un des quatre candidats à la reprise: le Pdg de NextRadioTV Alain Weill, le patron de la régie publicitaire Hi-Media Cyril Zimmermann, l’ancien dirigeant du quotidien Philippe Micouleau et l’ancien Pdg de DI Group (pôle médias de LVMH) Fabrice Larue, associé à l’éditeur italien Class Editori.

“Les négociations sont engagées depuis pas mal de temps. Ca peut aller très, très vite”, selon une source proche du dossier.

 06/11/2007 18:39:48 – © 2007 AFP