Le pétrole se dirige à grands pas vers les 100 dollars le baril

 
 
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Une pompe à essence (Photo : Behrouz Mehri)

[06/11/2007 21:22:19] NEW YORK (AFP) Le pétrole a battu un nouveau record mardi en clôturant à 96,70 dollars, s’approchant du seuil symbolique des 100 dollars le baril, qu’il pourrait rapidement atteindre en cas de baisse générale des réserves pétrolières mondiales.

Il est monté jusqu’à 97,10 dollars mardi en séance à New York, ramassant au passage plus de 2 dollars en une séance.

A Londres, la progression a été encore plus vertigineuse avec un gain de près de 4 dollars en vingt-quatre heures, à 93,56 dollars.

Les cours de l’or noir ont désormais en ligne de mire le “Record réel” (“Real Record High”) établi en avril 1980 à 101,70 dollars après ajustement de l’inflation, un an après la Révolution islamique en Iran, selon Ben Tscocanos, analyste à la Standard and Poor’s.

“C’est devenu comme une sorte de prophétie à accomplir”, explique Eric Wittenauer, analyste chez A.G Edwards, ajoutant que la plupart des investisseurs ont “déjà intégré les 100 dollars et veulent les toucher, quitte à reculer par la suite”.

Depuis le 20 septembre, date de leur première poussée, le pétrole a engrangé plus de 12 dollars des deux côtés de l’Atlantique, soit une hausse d’environ 15%.

L’équilibre précaire entre l’offre et la demande d’or noir sur le plan mondial, qui pourrait se matérialiser par le recul général des réserves de brut, sert d’appui au renchérissement des cours.

Premier consommateur mondial d’énergie, les Etats-Unis connaissent depuis deux semaines des baisses inattendues de leurs stocks de brut.

Les investisseurs anticipent d’ores et déjà une troisième baisse consécutive mercredi lors de la publication du rapport très attendu du ministère de l’Energie sur le niveau des stocks lors de la semaine achevée le 2 novembre.

Particulièrement surveillés avant l’hiver, les produits distillés, qui comprennent le gasoil et le fioul de chauffage, pourraient ainsi chuter de 800.000 barils.

Au sein de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), les stocks pétroliers ont aussi du plomb dans l’aile. Ils seraient tombés à leur plus bas niveau depuis 5 ans, selon le ministère américain de l’Energie.

Or de façon générale, avancent les analystes, les réserves pétrolières ont tendance à se reconstituer avant l’hiver.

“Les investisseurs se focalisent sur le recul des réserves. Ils craignent que ce soit un mouvement qui s’installe à moyen terme”, commente Bart Melek, analyste chez BMO Capital.

A contrario, la demande pétrolière est en train d’exploser, notamment dans les pays émergents tels la Chine, l’Inde et le Brésil. Le ministère américain à l’Energie estime par exemple que le pétrole va rester cher parce que la consommation mondiale de brut va augmenter de 1,8 million de barils par jour en 2008 par rapport à 2007.

En outre, la limitation des capacités de production rend “vulnérable” le marché à toute perturbation de l’offre, surtout que les pays producteurs rechignent à augmenter leur production, estimant que le niveau actuel est suffisant.

Au-delà des craintes sur le niveau de l’offre, les cours de l’or noir restent soutenus par le bas niveau du dollar, devise à laquelle est vendu le brut. Un dollar faible rend le pétrole bon marché pour les investisseurs hors zone billet vert et accroît donc indirectement l’intérêt pour l’or noir en attirant notamment les fonds spéculatifs.

La devise américaine est descendue jusqu’à 1,4570 dollar pour un euro.

Les tensions géopolitiques, comme une possible intervention militaire de la Turquie contre les rebelles kurdes installées dans le nord de l’Irak, ou encore des pressions américaines sur l’Iran — quatrième producteur mondial de brut — sur son programme nucléaire, laissent planer des incertitudes sur l’approvisionnement en pétrole, autant de facteurs de la flambée des cours.

 06/11/2007 21:22:19 – © 2007 AFP