Total engrange de confortables bénéfices pendant que les carburants flambent

 
 
CPS.HNY99.071107183431.photo00.quicklook.default-245x162.jpg
La raffinerie Total de Donges (Loire-Atlantique) (Photo : Frank Perry)

[07/11/2007 17:41:19] PARIS (AFP) Total a annoncé mercredi de confortables bénéfices, alors que le prix du baril de brut vole de record en record et que le gouvernement doit réunir les pétroliers pour leur demander de lisser la hausse des carburants.

Total a dégagé sur les neuf premiers mois de l’année un bénéfice net quasi stable, à 9,581 milliards d’euros, et une hausse de 1% de sa production, alors que celle des autres majors pétrolières est globalement en déclin.

En 2006, Total avait engrangé un bénéfice record de 12,58 milliards d’euros, le plus gros jamais enregistré par une entreprise française.

Le prix des carburants en France n’a cessé d’augmenter depuis plusieurs semaines, dans le sillage de ceux du brut, qui atteignent chaque jour de nouveaux sommets, comme mercredi à New York à près de 99 dollars.

Le gazole (1,14 euro le litre) et le fioul domestique (0,71 euro) ont battu des records fin octobre, tandis que le super sans plomb 95 a dépassé les 1,30 euro, non loin de son plus haut de 2006 à 1,34 euro.

CPS.HNY99.071107183431.photo01.quicklook.default-172x245.jpg
Le PDG de Total, Christophe de Margerie, le 11 mai 2007, lors de l’assemblée générale de son groupe (Photo : Pierre Verdy)

Pour juguler cette flambée, la ministre de l’Economie Christine Lagarde a annoncé qu’elle allait réunir “dans les tout prochains jours” les distributeurs pétroliers pour “lisser” ces hausses de prix à la pompe.

En septembre 2005, Total s’était engagé à répercuter “immédiatement” à la pompe une baisse des prix des carburants et à “étaler” sur plusieurs semaines une hausse.

Selon l’Union française des industries pétrolières (Ufip), “les marges de manoeuvres sont limitées car ce sera difficile pour les distributeurs d’absorber une telle augmentation” du prix du brut, avec un euro “dont l’effet amortisseur s’est tassé” et dans un marché “qui est le plus concurrentiel d’Europe”.

Total est le plus gros distributeur de carburants en France. Les supermarchés détiennent 57% de ce marché.

Le Premier ministre François Fillon a rejeté mercredi toute mesure “qui viserait à baisser artificiellement le prix de l’essence ou du gasoil”, jugeant “inexorable” l’augmentation du prix du pétrole.

Le gouvernement ne veut pas se priver des taxes sur les carburants, qui constituent sa 4e source de revenus. En outre, un allègement de la fiscalité serait contradictoire avec sa volonté de réduire les émissions de CO2.

L’association de consommateurs UFC-Que Choisir a renouvelé mercredi sa demande d’une taxe exceptionnelle sur les profits des compagnies pétrolières, grandes bénéficiaires selon elle des records du brut, qui financerait un “plan Marshall pétrole” dans les transports collectifs, les moteurs économes, le fret ferroviaire et les énergies renouvelables.

Le PS réclame pour sa part le rétablissement d’une taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP) “flottante”, modulable en fonction des variations de prix.

Pour mettre fin à la protestation des marins-pêcheurs, le ministre de la Pêche Michel Barnier a promis un “mécanisme durable” de compensation de la hausse du prix du gazole d’ici la fin de l’année.

L’UFC souhaite aussi que Mme Lagarde demande aux pétroliers d’investir dans leurs raffineries, en les accusant de “rationner” leur produits raffinés comme l’essence pour “accroître” leurs marges, dans un contexte de demande soutenue.

La marge brute de raffinage du pétrole Brent, référence en Europe, a été “multipliée par trois depuis 2003”, estime l’UFC.

Au 3e trimestre cependant, la hausse du prix du brut a réduit les marges de raffinage des compagnies pétrolières, qui ne l’ont pas répercutée sur leurs produits raffinés.

La Bourse de Paris a salué les résultats de Total, supérieurs aux attentes. L’action a terminé en hausse de 4,69% à 57,17 euros, dans un marché en baisse de 0,46%.

 07/11/2007 17:41:19 – © 2007 AFP