L’euro à de nouveaux sommets après des propos chinois défavorables au dollar

 
 
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Des euros et des dollars (Photo : Bertrand Langlois)

[07/11/2007 17:24:12] LONDRES (AFP) L’euro a touché mercredi de nouveaux sommets, passant pour la première fois au-dessus de 1,47 dollar, dopé selon des cambistes par des commentaires d’un responsable chinois suggérant que Pékin pourrait réduire ses réserves en billet vert au profit d’autres monnaies.

Le président français Nicolas Sarkozy s’est vivement ému de la situation, dénonçant mercredi à Washington la faiblesse du dollar et du yuan, en estimant que ce “désordre monétaire” risquait de “se muer en guerre économique”, lors d’un discours prononcé devant le Congrès américain.

L’euro a grimpé jusqu’à 1,4731 dollar à 13H05 GMT (14H05 à Paris), après avoir déjà franchi la barre des 1,46 dollar, puis celle des 1,47 dollar dans la journée, du jamais vu depuis le lancement dans la monnaie unique en 1999.

Vers 17H00 GMT (18H0O à Paris), l’euro se maintenait à 1,4665 dollar, contre 1,4555 mardi vers 22H00 GMT.

L’euro baissait face au yen à 166,13 yens pour un euro contre 167,01 la veille.

Le billet vert baissait également face à la devise nippone à 113,25 yens pour un dollar, contre 114,72 yens mardi, et évoluait à ses plus bas niveaux depuis 26 ans face à la livre sterling, valant jusqu’à 2,1072 dollars pour une livre, et face au dollar canadien à 1,1024 dollar pour un dollar canadien.

Parallèlement, l’or, traditionnelle valeur refuge en période d’incertitudes économiques, a touché de nouveaux sommets depuis près de 28 ans, grimpant sur le marché londonien jusqu’à un pic de 845,84 dollars l’once dans la matinée.

Selon des cambistes, cette nouvelle dégringolade du dollar a été déclenchée par des propos du vice-président de l’Assemblée nationale populaire (parlement chinois) M. Cheng Siwei, selon lesquels la Chine devrait ajuster la composition de ses réserves en devises étrangères, en y accordant plus de place aux monnaies fortes.

Ces déclarations ont porté un nouveau coup au billet vert, déjà affaibli depuis des mois par des craintes d’une contagion aux autres secteurs de l’économie américaine de la crise qui a frappé l’immobilier et le crédit.

“Ces déclarations, même si elles sont confuses et ont été faites par un responsable de troisième rang, ont provoqué une vente massive de dollars”, ont expliqué dans une note les analystes de la banque française BNP Paribas.

Les réserves en devises de la Chine, les plus importantes du monde, ont atteint la valeur record de 1.430 milliards de dollars en septembre 2007, et sont constituées à 70% de dollars américains, selon les experts.

La chute du dollar, amorcée il y a plusieurs années, s’est brusquement accélérée cet été avec la crise financière aux Etats-Unis, qui a provoqué notamment des pertes colossales au sein de la première banque mondiale Citigroup et semé l’inquiétude chez les investisseurs de la planète.

Cette nouvelle flambée de l’euro, qui s’ajoute à l’envolée des cours du pétrole tout proches désormais des 100 dollars le baril, pourrait relancer la polémique sur le rôle de la Banque centrale européenne, accusée par certains responsables politiques de ne rien faire pour entraver la vigueur de l’euro et de fragiliser ainsi les exportateurs européens.

“Si nous n’y prenons garde, le désordre monétaire risque de se muer en guerre économique dont nous serions tous les victimes”, a déclaré M. Sarkozy à Washington.

“Ceux qui admirent la nation qui a bâti la plus grande économie du monde et qui n’a eu de cesse de convaincre des avantages du libre échange attendent de l’Amérique qu’elle soit la première à promouvoir une juste parité des changes”, a-t-il encore lancé, concluant : “le yuan est déjà le problème de tous, le dollar ne doit pas rester seulement le problème des autres”.

 07/11/2007 17:24:12 – © 2007 AFP