[08/11/2007 15:44:45] BERLIN (AFP) L’ombre de la corruption plane plus que jamais sur le conglomérat allemand Siemens, qui a avoué jeudi des transactions douteuses d’un montant total de 1,3 milliard d’euros, de quoi donner du fil à retordre à son nouveau patron Peter Löscher. Le groupe avouait jusqu’ici des caisses noires de “seulement” 449 millions d’euros, limités à sa division de télécommunications. Mais le scandale a pris une nouvelle dimension avec la découverte, annoncée jeudi, de sommes douteuses supplémentaires pour un montant de 857 millions d’euros, dans les comptes de 2000 et 2006. Siemens a reconnu que la corruption touchait toutes ses activités, dans tous les pays. Des enquêtes sont en cours aussi bien en Suisse qu’en Italie, en Grèce, en Chine, en Hongrie, en Indonésie, en Norvège, en Israël ou en Russie. De quoi donner du fil à retordre à Peter Löscher, nommé en mai et aux commandes depuis juillet. Le groupe espère se racheter grâce à cet Autrichien débauché aux Etats-Unis, et premier patron recruté en externe depuis la création de Siemens il y a 160 ans. “Nous faisons tout pour solder les comptes de notre passé”, a-t-il assuré jeudi. M. Löscher est décidé à bousculer l’antique conglomérat: il a annoncé le licenciement en un an de 150 salariés pour des manquements à l’éthique, et entend renouveler chaque année le décompte public des brebis galeuses. Les salariés qui rapportent des pratiques douteuses avant le 31 janvier 2008 seront cependant amnistiés. Il va aussi clarifier la nébuleuse structure de Siemens, qui sera articulée autour de trois piliers (Industrie, Energie, Santé) au lieu d’une dizaine avant. M. Löscher a aussi nommé au directoire un “Monsieur corruption” venu de l’américain General Electric, grand concurrent et modèle plus ou moins avoué de Siemens. Le nouveau patron espère avoir fait le plus gros du travail: “Notre enquête interne est bouclée”, a dit M. Löscher, laissant entendre que le chiffre de 1,3 milliard d’euros de caisses noires était définitif. Il vaudrait mieux pour Siemens, à qui toute l’affaire a déjà coûté un patron et un président du conseil de surveillance, mais aussi beaucoup d’argent. Siemens a dû payer 201 millions d’euros d’amende à la justice allemande, et verser 347 millions d’euros aux consultants américains chargés de scruter ses comptes, sans compter des remboursements au fisc en centaines de millions d’euros. Mais le pire est peut-être à venir: M. Löscher a indiqué qu’il se rendrait prochainement aux Etats-Unis pour rencontrer la SEC. La redoutable autorité boursière américain pourrait imposer à Siemens, coté à Wall Street, une très lourde amende. Pour tenter de faire oublier la corruption, M. Löscher a multiplié mercredi soir et jeudi les annonces ambitieuses pour les affaires du groupe. Il a promis, en vrac: une meilleure rentabilité, une augmentation du dividende à 1,60 euro contre 1,45 euro, des rachats d’actions pour 10 milliards d’euros, et une restructuration des activités les moins performantes. “Nous voulons jouer les premiers rôles mondiaux dans tous les secteurs”, a assuré l’Autrichien, qui a déjà imprimé sa marque sur Siemens en rachetant l’américain Dade Behring (équipement médicaux) pour 7 milliards de dollars et en cédant la filiale VDO à Continental pour 11,4 milliards d’euros. De quoi occulter quasiment l’annonce jeudi des flamboyants résultats financiers de Siemens pour l’exercice fiscal 2006/2007: un bénéfice net en hausse de 21% à 4 milliards d’euros, et un chiffre d’affaires de 72,4 milliards d’euros en hausse de 9%. La Bourse de Francfort en tout cas les saluait: vers 11h02 GMT, l’action Siemens bondissait en tête du Dax, de 5,06% à 99,96 euros. |
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