France : la part des ménages où il n’y a que des sans-emploi a augmenté depuis 1975

 
 
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Un homme et une femme en recherche d’emploi, à Caen, le 17 mai 2006. (Photo : Mychèle Daniau)

[08/11/2007 16:30:34] PARIS (AFP) Une part croissante de ménages, depuis 1975, connaissent une situation où tous les adultes en âge de travailler n’ont pas d’emploi, ce qui aggrave les inégalités de revenu avec les ménages, également plus nombreux, où tous les adultes travaillent, selon une étude publiée jeudi.

De 1975 à 2002, la part des ménages où toutes les personnes susceptibles de travailler ont un emploi, a progressé “lentement mais avec constance”, passant de 56,8% à 67,8%”, selon l’auteur de l’étude parue dans la revue Economie et Statistique éditée par l’Insee, l’économiste Claire Ravel.

Dans le même temps, la part des ménages où personne ne travaille, notamment du fait du chômage, a presque doublé, passant de 6,3% à 12,2%.

L’étude conclut que la lutte contre le chômage aurait intérêt à ne pas faire l’impasse sur des politiques visant à faire progresser l’emploi, pas seulement au niveau des individus, mais aussi des ménages.

Elle porte sur les ménages dans lesquels au moins une personne est susceptible de travailler, âgée de 15 à 59 ans, ni scolarisée, ni à la retraite.

Si l’on s’en tient aux seuls actifs (personnes qui travaillent ou qui souhaitent travailler), l’augmentation du nombre de ménages, où tous les actifs sont chômeurs est encore plus marquée, passant de 1,6% en 1975 à 5,8% en 2002.

Les économistes appellent ce phénomène “la polarisation de l’emploi” et le mesurent par un indicateur qui “n’a cessé de progresser depuis 1975” et est passé au rouge en France depuis le milieu des années 1990.

Cela signifie que depuis cette date, “le non-emploi se concentre sur certains ménages”, mais aussi que “les premières personnes à retrouver un emploi sont celles qui vivent dans un ménage où il y a déjà de l’emploi”.

Certes, souligne l’auteur, la France compte plus de personnes seules, de familles monoparentales ou de couples sans enfants qu’en 1975.

Et mathématiquement, “plus les ménages sont petits, plus la probabilité que les personnes susceptibles de travailler soient dans une situation identique face à l’emploi est importante”.

Mais, “on peut supposer que d’autres paramètres, inobservés, interviennent”, estime l’auteur.

Une famille monoparentale sur quatre est sans emploi en 2002, contre une sur dix en 1975, et l’auteur estime que le manque de réseaux, qui faciliteraient la recherche d’emploi de par les contacts avec le monde du travail, et donc d’éventuels employeurs, pèse sur ces familles.

“Cette polarisation croissante de l’emploi dans la plupart des pays de l’OCDE (organisation pour le commerce et le développement en Europe) explique une grande partie des inégalités en termes de revenus. (…) Au-delà des facteurs traditionnels d’explication tels que la désindustrialisation ou l’inadéquation des qualifications, la distribution de l’emploi au sein des ménages semble donc jouer un rôle non négligeable pour expliquer ces inégalités”, conclut l’étude.

 08/11/2007 16:30:34 – © 2007 AFP