[08/11/2007 17:49:33] LONDRES (AFP) Le numéro un mondial du secteur minier BHP Billiton a proposé jeudi de racheter le numéro deux Rio Tinto pour 75 milliards d’euros, une offre que l’intéressé a rejetée, mais qui si elle aboutissait donnerait naissance à un mastodonte de la production de matières premières. Rio Tinto a affirmé avoir rejeté cette offre de BHP, qui a proposé de le racheter via un échange de titres (à hauteur de 3 titres BHP contre 1 action Rio Tinto), estimant qu’elle le sous-évaluait gravement et qu’il préférait poursuivre indépendamment sa stratégie. Aux cours de clôture de mercredi, l’offre de BHP correspond pour chaque action Rio Tinto à 5.268 pence, ce qui valorise l’ensemble du groupe autour de 52,5 milliards de livres, soit 75 milliards d’euros ou 110 milliards de dollars, selon un calcul de l’AFP. Le cours de Bourse de Rio Tinto a aussitôt grimpé, dépassant le prix proposé par son concurrent. Il s’est envolé de 21,75% à 5.296 pence, dans un marché londonien en baisse de 0,05%. BHP Billiton a perdu de son côté 5,69% à 1.656 pence. Malgré ce rejet, BHP a affirmé que sa proposition était toujours sur la table, assurant qu’un tel rapprochement bénéficierait aux actionnaires des deux groupes et qu’il espérait convaincre la direction de Rio Tinto de l’accepter. Cette offre a fait l’effet d’un coup de tonnerre, dans un secteur déjà en pleine ébullition, dont l’activité est notamment portée par l’appétit grandissant de la Chine en matières premières. Rio Tinto vient tout juste de se hisser au premier rang pour la production d’aluminium avec le rachat pour 38,1 milliards du Canadien Alcan, qui avait lui-même avalé le Français Pechiney en 2003. L’annonce a aussi déclenché une onde de choc sur les titres du secteur, faisant grimper l’ensemble des actions des groupes concurrents, dans l’espoir d’autres rapprochements. L’union de BHP et Rio Tinto donnerait naissance à un mastodonte d’une valeur boursière d’environ 230 milliards de dollars (environ 150 milliards d’euros). BHP Billiton est actuellement le plus gros groupe du secteur minier par le critère de la capitalisation boursière, avec une valeur de 139 milliards de dollars américains, devançant nettement Rio Tinto qui ne pèse “que” 91 milliards de dollars (aux cours de clôture de mercredi). Les deux rivaux ont des profils très similaires: ce sont tous deux des sociétés anglo-australiennes, cotées à la fois sur les Bourses de Londres et de Sidney, et ils figurent parmi les principaux producteurs mondiaux de matières premières telles que le charbon, l’uranium, l’or, les métaux industriels, le minerai de fer, l’aluminium ou encore le diamant. BHP Billiton compte environ 39.000 employés dans le monde, tandis que les effectifs de Rio Tinto ont grimpé à plus de 100.000 avec l’acquisition d’Alcan. Selon des analystes, outre l’opposition des dirigeants de Rio Tinto qui pourrait obliger BHP à revoir son prix à la hausse, une fusion des deux groupes risque de se heurter aux autorités de la concurrence, notamment en Australie où les deux sociétés dominent la production de minerai de fer, même si BHP Billiton dit avoir tenu compte de ce problème dans l’ébauche de sa proposition. Selon Charles Kernot, analyste au cabinet Seymour Pierce, un tel rapprochement pourrait déclencher “trois ans de problèmes” avec les régulateurs chargés de la concurrence, et obliger les groupes à céder certaines de leurs activités. Cependant, Tom Gidley-Kitchen, analyste chez Charles Stanley, a souligné que le secteur minier était encore loin d’atteindre le même degré de concentration que d’autres industries comme le pétrole, et que des groupes miniers finiraient sans doute un jour par atteindre une taille équivalente aux colosses pétroliers comme BP, Shell et Exxon Mobil, dont la capitalisation se chiffre en centaines de milliards de dollars. |
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