Selon un nouveau rapport de la Banque mondiale, le climat des affaires et
la législation des entreprises dans les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du
Nord sont bien moins discriminatoires qu’on a tendance à le croire. Mais les
comportements sociaux et les autres textes de loi sont ce qui soulève des
obstacles pour les femmes à la tête d’entreprises, et ce qui limite leurs
possibilités.
« Les entreprises sous le contrôle de femmes sont aussi bien établies et
aussi avancées que celles de leurs homologues masculins », note à cet égard
Daniela Gressani, vice-présidente de la Banque mondiale pour la Région
Moyen-Orient et Afrique du Nord. « Il est évident que les femmes chefs
d’entreprises jouent un rôle bien plus important dans les économies de la
région qu’on ne le pensait auparavant, mais elles sont encore trop peu
nombreuses. »
Intitulé
The Environment for Women’s Entrepreneurship in the Middle East and
North Africa Region (Contexte de l’entreprenariat féminin dans la région
Moyen-Orient et Afrique du Nord), le rapport s’attend, avec l’ouverture
générale des économies et la réforme du climat des affaires, à ce qu’il y
ait moins d’obstacles et plus d’opportunités pour tous les investisseurs, et
les femmes en particulier. Et s’il est vrai que davantage d’obstacles
peuvent encore se poser aux femmes chefs d’entreprises qu’à leurs homologues
masculins, conclut-il, le contexte économique et juridique est bien moins
discriminatoire qu’on ne le pensait.
Il repose sur une enquête menée dans huit pays de la région MENA auprès de
plus de 5 100 entreprises contrôlées par des hommes et des femmes. Les unes
comme les autres obtiennent des résultats analogues en termes de ventes et
de valeur ajoutée par employé, Mais celles contrôlées par des femmes ont
accru leurs effectifs plus vite que les autres ces dernières années dans
quatre cas (Arabie saoudite, Cisjordanie et Gaza, Égypte et Jordanie).
« Les femmes n’ont toujours pas autant accès aux opportunités économiques »,
fait néanmoins observer Mustapha K. Nabli, économiste en chef de la Banque
pour la Région MENA. « De même qu’elles se heurtent encore à plus
d’obstacles sur le marché du travail et en dehors, en dépit de progrès au
plan éducatif, les femmes font face à un surcroît d’obstacles dans le
contexte de l’environnement des entreprises, en dépit de leurs capacités et
de leur sens des affaires. »
Selon le rapport, les comportements sociaux qui découragent l’emploi des
femmes peuvent être des obstacles à ce niveau, et certaines lois, comme
celles exigeant qu’une femme ait la permission de son mari pour pouvoir
voyager, peuvent entraver aussi bien les chances offertes aux femmes que
l’application des autres textes régissant l’activité des entreprises. Il est
intéressant de noter que l’accès aux financements n’est pas mentionné dans
le rapport comme un obstacle de nature discriminatoire pour les femmes, car
c’est un problème important qui se pose autant pour les hommes que pour
elles.
« Un grand nombre de femmes ont des ressources financières et, de plus en
plus aussi, un bon niveau d’instruction », ajoute Nadereh Chamlou,
conseillère senior à la Région MENA et principal auteur du rapport. « Dans
le contexte d’un climat plus facile pour l’investissement, elles ont plus de
chances de monter une affaire au niveau du secteur formel, ce qui peut
contribuer à renforcer la concurrence et à diversifier les économies de la
région. »
En analysant la situation de firmes contrôlées aussi bien par des hommes que
par des femmes, il est possible de cerner les obstacles qui se posent de
manière uniforme à tous les propriétaires et ceux qui affectent un des deux
groupes en particulier. Les huit pays examinés dans cette étude étaient les
suivants : Arabie saoudite, Cisjordanie et Gaza, Égypte, Jordanie, Liban,
Maroc, Syrie, et Yémen. Parmi les entreprises étudiées, 13 % étaient sous le
contrôle principal de femmes.
Dans bien des cas, ces entreprises sont aussi bien établies que celles
contrôlées par des hommes, et actives dans autant de secteurs. Plus de 30 %
d’entre elles sont de grandes entreprises, employant plus de 250 salariés.
Près de la moitié des entreprises figurant dans l’enquête sont à capitaux
privés. En Syrie et au Maroc, les deux pays où il existe des données à ce
sujet, plus de 65 % des firmes appartenant à des femmes sont aussi dirigées
par elles, ce qui bat en brèche l’idée reçue selon laquelle ces femmes
propriétaires d’entreprises ne le sont que sur le papier.
Par ailleurs, les firmes sous le contrôle de femmes sont autant à même
d’exporter et d’attirer les capitaux d’investisseurs étrangers que celles
contrôlées par des hommes. Enfin, elles ont une plus forte proportion de
main d’œuvre qualifiée, et elles engagent davantage de femmes à des postes
de niveau professionnel.
(Source : Banque Mondiale)
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