Déficits : Bruxelles met la pression sur la France

 
 
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Des drapeaux européens devant la Commission européenne, le 6 novembre 2007 à Bruxelles (Photo : Dominique Faget)

[09/11/2007 16:41:09] BRUXELLES (AFP) La Commission européenne s’est inquiétée vendredi de l’évolution prévue des déficits publics de la France, à qui elle a demandé de mettre concrètement en oeuvre des réformes pour mieux les maîtriser, se montrant également plus pessimiste que Paris sur la croissance.

Dans ses prévisions économiques d’automne, la Commission a sérieusement corrigé ses pronostics pour les finances publiques françaises. Elle table désormais sur un déficit à 2,6% du Produit intérieur brut (PIB) en 2007 comme en 2008, contre un pronostic de respectivement 2,4% et 1,9% auparavant.

Cela marque une détérioration par rapport à 2005, où le déficit avait été de 2,5%. C’est aussi nettement moins bien qu’attendu par le gouvernement français, qui table sur un déficit à 2,4% cette année, ramené à 2,3% en 2008.

Le commissaire européen aux Affaires économiques Joaquin Almunia a du coup prévenu qu’il allait examiner avec “avec beaucoup d’attention” les grandes orientations budgétaires que la France doit lui présenter début décembre dans son programme de stabilité.

“On entend beaucoup d’annonces et de suggestions de réformes, mais la croissance en France ne dépend pas des réformes annoncées mais adoptées et appliquées”, a-t-il lancé à l’adresse du gouvernement du Premier ministre François Fillon.

Pour rassurer Bruxelles, Paris explique en effet que les réformes structurelles programmées dans le pays (retraites, marché du travail, etc) permettront au final de réduire les déficits. Le président Nicolas Sarkozy se refuse en revanche à mener une politique d'”austérité”, ainsi qu’il l’a rappelé cette semaine.

La Commission est d’autant moins optimiste qu’elle s’attend à ce que l’horizon s’assombrisse pour la croissance française, en raison notamment de l’euro fort, qui “freine les exportations”, même si la consommation des ménages devrait selon elle continuer à tirer l’économie française.

La Commission a maintenu sa prévision de croissance en France à 1,9% en 2007 –déjà largement revue à la baisse en septembre– mais a abaissé son pronostic pour 2008 à 2%, contre 2,3% avant.

Ces prévisions sont, là encore, moins optimistes que celles du gouvernement français, qui table sur un taux de croissance compris dans une fourchette de 2% à 2,5% en 2007 comme en 2008.

Et Bruxelles ne prévoit aucune amélioration en 2009, où elle attend une croissance de 1,8% et un déficit encore creusé à 2,7%.

“Le déficit est trop près de 3%”, le seuil maximal autorisée dans l’Union européenne, a estimé M. Almunia, ajoutant que “si la réduction de la croissance est supérieure au scénario” établi par la Commission, “il sera très facile de dépasser” la limite.

Selon lui, la France peut néanmoins encore redresser la situation, et même atteindre un déficit de 2,4% cette année, comme elle le prévoit, si elle “prend des décisions”.

La Commission et les autres Etats de la zone euro, notamment l’Allemagne qui assainit ses finances à vitesse accélérée, lui reprochent de vouloir s’affranchir d’un engagement commun pris en avril au niveau de la zone euro, visant à parvenir à l’équilibre des comptes publics au plus tard en 2010.

Le président Nicolas Sarkozy a demandé à ses partenaires la possibilité de reporter cet objectif à 2012 si la croissance n’est pas assez vigoureuse, ce qui semble se profiler au vu des prévisions de la Commission.

Les ministres des Finances de la zone euro, qui se retrouvent lundi à Bruxelles, ne devraient pas manquer d’aborder ce sujet.

 09/11/2007 16:41:09 – © 2007 AFP