[10/11/2007 07:26:32] WASHINGTON (AFP) Le déficit commercial des Etats-Unis est tombé en septembre à son plus bas niveau en près de deux ans et demi, une bonne nouvelle pour une économie plombée par la crise de l’immobilier, et qui s’explique par le dollar faible et la forte croissance mondiale. Le déficit est tombé à 56,6 milliards de dollars, soit une baisse de 0,6 par rapport à août qui a agréablement surpris les analystes. C’est aussi le plus bas niveau depuis mai 2005, a précisé le département du Commerce. Pour les économistes, c’est un soulagement car cela signifie que l’économie américaine garde des points forts face aux incertitudes nées de la déprime du marché immobilier et de la flambée des prix du pétrole. “Le grand enseignement, c’est que la balance commerciale contribue à la croissance, et lui permet de garder la tête hors de l’eau en dépit des fortes turbulences immobilières”, a résumé Sal Guatieri de BMO Financial Markets. Plusieurs facteurs expliquent cette bonne performance. Il y a d’abord la faiblesse du dollar, qui a permis aux Etats-Unis de réduire fortement le déséquilibre de leurs échanges envers l’Union européenne (-37,1%), le Japon (-8,1%) et le Canada (-3,2%). “Le dollar faible aide considérablement à réduire le déficit commercial américain, et cela soutien l’économie” au bout du compte, estime M. Guatieri. Le dollar a perdu 5,4% face à l’euro et 6,8% face au yen au cours des trois mois finissant en septembre, selon la banque centrale américaine (Fed). Cette chute du billet vert fait de plus en plus de mécontents chez les partenaires commerciaux des Etats-Unis. Mais jeudi le secrétaire américain au Trésor, Henry Paulson, a réaffirmé son message ambigu soutenant un dollar “fort” quoique “déterminé par les fondamentaux des marchés”. Toutefois, certains analystes relativisent le rôle du dollar faible dans la performance commerciale. “Il est probablement trop tôt pour que la faiblesse du dollar ait un gros impact”, souligne Drew Matus de Lehman Brothers, car la dernière vague de dépréciation a commencé avec la crise financière de l’été. “Le dollar faible a évidemment joué un rôle, mais la vigueur de la croissance mondiale est pour le moment plus importante”, ajoute-t-il. Cette vigueur a dopé les exportations américaines de 1,1% , pour les porter au niveau record de 140,1 milliards de dollars. Dans le même temps les importations n’ont que modérément progressé (+0,6% à 196,6 milliards), ce qui peut s’expliquer par le ralentissement de la demande intérieure. Les analystes ignorent combien de temps ce genre de bonne performance durera, mais il soulignent combien le commerce extérieur, traditionnellement un frein à la croissance américaine, est aujourd’hui en train de devenir un soutien pour l’économie. “Le commerce absorbe l’essentiel de l’effet négatif provoqué par la crise de l’immobilier”, ajoute M. Matus. Mais ces bons chiffres sont datés, et des nuages pourraient venir obscurcir les perspectives commerciales en fin d’année. Le prix du pétrole par exemple, qui a atteint un record en septembre sans faire plonger le déficit, pourrait peser beaucoup plus lourd dans les comptes. “Les prix à l’importation n’ont en fait que peu progressé en septembre, et la hausse sera plus forte en octobre. Cela risque de faire augmenter le déficit”, avertit M. Guatieri. De plus les Américains restent dépendants de la Chine, grand fournisseur de biens de consommation à bas prix, et qui a représenté plus du tiers du déficit total en septembre (23,8 milliards de dollars). En attendant, les Etats-Unis sont bien partis pour réduire leur déficit commercial en 2007, pour la première fois en six ans. Sur les neuf premiers mois de l’année, le déficit a atteint 527,5 milliards de dollars, contre 581,6 sur la même période de 2006. |
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