Sicile : une association entrepreneurs-commerçants contre le racket mafieux

 
 
CPS.HOK75.101107155734.photo00.quicklook.default-239x245.jpg
Le procureur de Palerme Pietro Grasso à Venise le 7 septembre 2007 (Photo : Vincenzo Pinto)

[10/11/2007 14:58:30] ROME (AFP) Le procureur national antimafia Pietro Grasso et deux ministres du gouvernement italien ont officiellement donné naissance samedi à Palerme (Sicile) à une association regroupant entrepreneurs et commerçants qui refusent publiquement de payer le “pizzo”, l’impôt mafieux.

L’association a été baptisée “Libero Futuro” (littéralement “Avenir libre”) en hommage à Libero Grassi, un entrepreneur assassiné en 1991 pour avoir osé s’élever publiquement contre le racket de Cosa Nostra, la mafia sicilienne.

“Libero Futuro” est née de l’initiative “Addiopizzo” lancée il y a trois ans par un groupe d’étudiants qui ont amené quelque 200 commerçants de Palerme à briser l’omerta sur le racket mafieux et à afficher sur leur vitrine leur refus de payer le pizzo.

“Il y a aujourd’hui une nouvelle prise de conscience du problème mafieux et des moyens de le combattre”, s’est félicité Pietro Grasso, procureur antimafia, cité par les médias italiens, lors de la présentation de l’association à Palerme.

“Outre la création d’associations, l’Etat doit aussi continuer à être présent aux côtés des entreprises. Pour combattre Cosa Nostra, il faut aussi fermer le robinet des rentrées d’argent qui dérivent du pizzo”, a-t-il ajouté.

Les sommes rackettées chaque année par la mafia sont évaluées à près de 10 milliards d’euros par la Confindustria (confédération patronale) de Sicile.

“Cette association est la première composée d’entrepreneurs et de commerçants qui se rebellent contre le pizzo. Elle a été créée pour exorciser la dramatique histoire de Libero Grassi. Il faut faire en sorte que cela n’arrive plus”, a souligné Tano Grasso, président de la Fédération nationale antiracket.

Les vices-ministres de l’Intérieur Alessandro Pajno et Ettore Rosato ont également participé au lancement de l’association.

Les entrepreneurs adhérents de la Confindustria de Palerme ont demandé dès samedi à être membres de l’association, “une adhésion massive pour conjurer le risque d’isolement”, selon les mots du président de la Confindustria de Palerme, Nino Salerno.

“L’Etat est fort et vous devez avoir confiance dans les institutions: c’est le seul moyen de combattre la mafia”, a témoigné lors de l’assemblée Rodolfo Guajana, entrepreneur palermitain dont la société a été détruite cet été par un incendie après son refus de payer le pizzo.

Selon une récente étude de l’Université de Palerme sur “les coûts de l’illégalité”, le “pizzo” s’élève en moyenne à 457 euros par mois pour les commerces de détail et à 578 euros par mois pour les auberges et restaurants. Les sociétés de construction et d’entretien des routes doivent également verser une moyenne de 17.000 euros par chantier.

 10/11/2007 14:58:30 – © 2007 AFP