L’Insee réécrit la courbe du chômage, en baisse seulement depuis début 2006

 
 
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L’agence ANPE de Caen, le 27 janvier 2004 (Photo : Mychèle Daniau)

[12/11/2007 18:14:05] PARIS (AFP) L’Insee a livré lundi, après des mois de polémique, son enquête Emploi qui fixe à 8,1% le taux de chômage au deuxième trimestre 2007 selon un nouveau mode de calcul, et confirme une “baisse”, mais plus récente et moins forte que les données ANPE ne le laissaient supposer.

La France métropolitaine comptait 2,2 millions de chômeurs au 2e trimestre au sens du Bureau international du travail (BIT), seule norme internationale.

Le taux trimestriel de 8,1% correspond au niveau de chômage de l’hiver 2002-2003, et non au niveau d’il y a 25 ans comme l’affirmait avant les élections le gouvernement Villepin, alors accusé d’enjoliver son bilan par les partis de gauches, des syndicats et des associations de chômeurs.

Avec les départements d’Outre-mer, inclus pour la première fois, le taux de chômage français atteint 8,4% de la population active au deuxième trimestre, en baisse “régulière” depuis début 2006.

L’Insee a entièrement revu ses statistiques pour se caler sur Eurostat, l’office européen des statistiques, dont la définition de la recherche active d’emploi est plus restrictive. Elle a aussi “perfectionné” sa technique de construction statistique.

Deux changements qui aboutissent mécaniquement à gommer un point de chômage, reconnaît l’Institut.

En moyenne annuelle, le taux de chômage 2006 ressort à 8,8%, comme en 2005 et en 2004. Il aurait été de 9,8%, si l’Insee n’avait pas changé de méthode.

Ces chiffres sont “une estimation à +/- 0,4 point”, a précisé l’institut. Cette marge d’imprécision se réduira quand l’Insee pourra doubler l’échantillon de son enquête Emploi (75.000 personnes actuellement), ce qui est prévu en 2009.

La ministre de l’Economie et de l’Emploi Christine Lagarde s’est félicitée dans un communiqué de la “très bonne orientation du marché de l’emploi”, maintenant son objectif de 5% de chômage en 2012.

De son côté, le collectif de syndicalistes et statisticiens Les autres chiffres du chômage (ACDC) a estimé que “l’Insee escamote la révision du taux de chômage”.

En 1975, avant le deuxième choc pétrolier, la France comptait 3% de chômeurs, selon la nouvelle série Insee.

“L’histoire a été complètement réécrite et on n’utilise plus du tout les chiffres de l’ANPE”, a souligné le directeur des Statistiques sociales de l’Insee, Stéfan Lollivier.

“On ne raconte pas la même histoire. Du côté de l’ANPE, le nombre de chômeurs baisse de façon franche et forte depuis mi-2005, tandis que dans l’enquête Emploi, le retournement se lit seulement au début 2006. La baisse est aussi plus forte selon l’ANPE”, a souligné la chef du département Emploi, Sylvie Lagarde.

“Quelle que soit la méthode, il y a environ -230.000 chômeurs entre début 2006 et mi-2007”, a-t-elle ajouté.

Des travaux sont en cours pour savoir pourquoi le taux d’inscription à l’ANPE des chômeurs au sens du BIT a reculé sur la période.

Une analyse complète est attendue pour mars, alors que les associations de chômeurs dénoncent des radiations “abusives” par l’ANPE et craignent un nouveau durcissement après la fusion avec l’Unedic.

“On n’est pas les seuls en Europe à avoir des difficultés à mesurer le chômage”, a souligné M. Lollivier, citant l’Allemagne ou la Suède.

Fin 2007, l’Insee présentera le taux de chômage au 3e trimestre et un plan pour mieux dépeindre notamment le sous-emploi ou la précarité.

 12/11/2007 18:14:05 – © 2007 AFP