Japon : croissance au-delà des prévisions, la banque centrale maintient le statu quo

 
 
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Des hommes d’affaires dans les rues de Tokyo, le 30 octobre 2007 (Photo : Yoshikazu Tsuno)

[13/11/2007 07:23:25] TOKYO (AFP) L’économie japonaise a connu une croissance plus robuste que prévu au troisième trimestre grâce à vigueur des exportations et de l’investissement des entreprises, mais cela n’a pas suffi à convaincre la Banque du Japon de relever son taux directeur en pleine crise du “subprime”.

De juillet à septembre, le produit intérieur brut du Japon a augmenté de 0,6% par rapport au trimestre précédent, et de 2,6% en rythme annuel, a annoncé mardi le gouvernement. Les économistes ne tablaient que sur une croissance de 0,4% sur une base trimestrielle, et de 1,8% en rythme annuel.

La bonne tenue des exportations (+2,9% par rapport au trimestre précédent), tirées par l’automobile, et des dépenses en capital des entreprises (+1,7%), ainsi qu’une progression surprise de la consommation des ménages (+0,3%) ont compensé la pire chute en dix ans (-7,8%) de l’investissement immobilier.

Cette dégringolade des mises en chantier s’explique par le durcissement, en juin, des normes de sécurité parasismique au Japon. La nouvelle réglementation a considérablement allongé les délais pour obtenir un permis de construire

Au deuxième trimestre, l’économie japonaise s’était contractée de 0,4% par rapport au trimestre précédent. Un nouveau trimestre de baisse aurait marqué l’entrée du Japon en récession, selon la définition la plus couramment admise.

Les économistes sont toutefois restés sceptiques.

“Les chiffres sont certes meilleurs que prévu, mais nous avons l’impression que la récente chute des mises en chantier aura bientôt un impact majeur” sur l’économie nippone, lorsque le manque à gagner commencera à se refléter dans les comptes des entreprises de construction, a prophétisé Hiromichi Shirakawa, économiste au Credit Suisse et ancien cadre de la Banque du Japon.

De plus, la flambée des prix du pétrole pèsera bientôt sur la consommation des ménages, et ce alors que les salaires continuent à stagner, a-t-il fait remarquer, prédisant “une légère contraction” du PIB au quatrième trimestre.

“Le PIB meilleur que prévu est quelque chose de positif, mais le principal moteur de la croissance sont les exportations, et celles-ci sont maintenant en danger à cause du probable ralentissement de l’économie américaine”, a souligné pour sa part Akira Maekawa, économiste chez UBS.

Semblant partager cette sombre vision de l’avenir, l’indice Nikkei de la Bourse de Tokyo a reculé de 0,46%, terminant la séance de mardi à son plus bas niveau depuis le 26 juillet 2006 après huit journées consécutives de baisse.

Comme prévu, la Banque du Japon (BoJ) a maintenu son taux directeur à 0,50%. Le comité de politique monétaire a pris cette décision par huit voix contre une, le même score qu’au cours des cinq précédentes réunions.

La BoJ exprime de plus en plus clairement ces derniers mois son impatience de relever le loyer de l’argent au Japon, le plus faible du monde industrialisé, afin de prévenir la formation de bulles spéculatives.

Mais alors qu’elle s’apprétait à passer à l’action en août, l’éclatement de la crise du crédit immobilier à risque aux Etats-Unis et son lot de déconvenues boursières et bancaires l’a contrainte à ronger son frein. Le prochain resserrement monétaire au Japon apparaît désormais bien lointain.

“La BoJ ne peut pas saisir l’occasion du rebond du PIB pour justifier un relèvement des taux à court terme. Il y a tout simplement trop de risques qui planent sur l’économie en ce moment pour n’envisager ne serait-ce qu’une seconde la moindre hausse des taux”, a estimé Glenn Maguire, économiste en chef pour l’Asie à la Société Générale.

“Vu le risque de croissance négative, nous continuons à penser que la Banque du Japon aura beaucoup de mal à relever les taux d’intérêt avant l’automne de l’année prochaine”, a estimé lui aussi M. Shirakawa.

 13/11/2007 07:23:25 – © 2007 AFP