[13/11/2007 16:13:13] BERLIN (AFP) Le numéro un allemand de l’énergie EON a réalisé sur les neuf premiers mois de l’année de juteux bénéfices, ce qui ne devrait calmer les esprits ni à Berlin ni à Bruxelles, où les hausses de prix à répétition des poids lourds allemands de l’énergie agacent de plus en plus. EON a vu son bénéfice net sur les neuf premiers mois de l’année augmenter de 22% à 4,2 milliards d’euros, a-t-il annoncé mardi. Le bénéfice d’exploitation (EBIT ajusté) de janvier à fin septembre a grimpé de 12% à 7,1 milliards d’euros, selon un communiqué. Les analystes interrogés par Thomson Financial News n’en espéraient pas tant et tablaient sur 6,85 milliards d’euros. EON a confirmé ses prévisions pour 2007: une hausse d’entre 5 et 10% du bénéfice d’exploitation comme du bénéfice net. Le groupe, qui a réalisé une série d’importants rachats notamment en Russie, a par ailleurs promis de doubler, à 6 milliards d’euros jusqu’en 2010, ses investissements dans les énergies renouvelables. “Cela fait de nous l’un des leaders mondiaux. Je ne connais pas d’autre entreprise dans le monde qui investisse autant dans les renouvelables”, a assuré mardi Marcus Schenck, directeur financier d’EON, lors d’une conférence téléphonique. EON tout comme son principal rival, RWE, sont dans le viseur de l’opinion publique allemande et de la Commission européenne pour leurs hausses continuelles de prix, allant jusqu’à 10% au 1er janvier 2008 pour l’électricité. Une inflation qui repose la question du manque criant de concurrence sur le marché allemand de l’énergie, pourtant libéralisé depuis près de 10 ans. Pour y remédier, l’Etat régional de Hesse (ouest) voudrait même forcer les entreprises dominantes à vendre certaines de leurs centrales, pour imposer plus de concurrence. Bien conscient de la mauvaise ambiance, le patron d’EON Wulf Bernotat a reconnu mardi lors d’une conférence téléphonique: “Nous voulons et nous avons besoin de l’approbation des autorités et de l’opinion publique.” En ajoutant toutefois que “les élus et la société ont aussi besoin d’entreprises énergétiques performantes.” Le patron de RWE, Jürgen Grossmann, a quant à lui plaidé il y a peu pour un “pacte” sur l’énergie en Allemagne, entre industriels, élus et représentants des consommateurs. En Allemagne, un quatuor règne sur le gaz et l’électricité, de la production à la prise de courant: EON, RWE, EnBW, qui a pour grand actionnaire le français EDF, et enfin la filiale du groupe suédois Vattenfall. Bruxelles veut les forcer à se séparer de leurs réseaux de distribution. Le gouvernement allemand, qui soutient jusqu’ici les industriels face à la Commission, menace de changer de camp si EON, RWE et leurs deux concurrents EnBW et Vattenfall ne font pas preuve de bonne volonté. La chancelière Angela Merkel est d’ailleurs remontée au créneau mardi: “Nous allons examiner avec beaucoup d’attention les évolutions de prix”, a-t-elle déclaré lors d’un congrès à Berlin. “Nous ne voulons pas travailler contre les acteurs du secteur, mais je trouve que les gens dans ce pays ont le droit à la transparence sur les prix”, a-t-elle ajouté. EON ne semble toutefois pas du tout prêt à abandonner ses réseaux: “L’Allemagne et l’Europe ont besoin d’entreprises grandes et fortes, qui font les investissements nécessaires à l’approvisionnement en énergie et peuvent tenir tête aux concurrents internationaux. Les partisans du démantèlement doivent en être conscients”, a dit M. Bernotat. |
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