[14/11/2007 08:31:42] PARIS (AFP) Nourrie par la hausse des prix des produits alimentaires et des produits pétroliers, l’inflation a atteint en octobre 2% sur un an, soit son plus haut niveau depuis mai 2006, au risque si elle perdure de rogner le pouvoir d’achat des Français et, à terme, la croissance. L’indice des prix à la consommation des ménages a progressé de 0,2% par rapport à septembre et gagné 0,3% hors tabac, selon l’Insee. L’inflation totale est passée “de 1,5% en septembre à 2,0% en octobre, avec des composantes énergie et alimentation en très forte hausse (respectivement +5,2% après et +2,2% sur un an). Elles contribuent ainsi à près de 0,8 point à l’inflation d’octobre”, analyse Mathieu Kaiser, économiste chez BNP-Paribas. Selon les experts interrogés, ce regain d’inflation est essentiellement lié à la hausse des cours des matières premières agricoles et énergétiques. Il reste encore modéré mais il n’est pas exclu que la tendance se poursuive. “On peut parler d’une conjonction de petits éléments inflationnistes qui étaient attendus mais qui en s’agglomérant, fabriquent un indice qui monte un peu plus vite que prévu”, explique Robert Rochefort, économiste et sociologue au Credoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie). “Ce n’est pas le signe que cela va s’aggraver dans les prochains mois, mais c’est le signe que cela touche désormais tous les domaines”, estime-t-il. Les prix de l’alimentation ont ainsi augmenté de 0,5% en octobre, ceux des produits frais bondissant de 1,1%, soit une hausse de 5,1% sur les douze derniers mois. De son côté, “l’indice des prix de l’énergie continue d’augmenter (+0,7%), en lien avec la poursuite de la hausse des cours du pétrole brut au mois d’octobre, ce malgré la bonne santé de l’euro”, souligne l’Institut national de la statistique. Les prix des produits pétroliers ont augmenté de 1,1% en octobre, soit une envolée de 8,1% sur un an, avec une hausse sensible des prix des carburants (+0,9%, +8,2% sur un an) et des combustibles liquides (+2,6%, +9,7% sur un an). L’indice des prix des produits manufacturés n’a augmenté quant à lui que faiblement: +0,1% en octobre, soit +0,2% sur un an. “Même si l’inflation reste somme toute modérée, l’accélération des prix de l’alimentation et de l’énergie, couplée à l’augmentation régulière des loyers” (+0,7% sur un mois et +3,5% sur un an), “va continuer de nourrir la perception aiguë d’une perte de pouvoir d’achat par les ménages”, renchérit Mathieu Kaiser, qui n’attend pas d’amélioration avant février. “Cela va évidemment rogner mécaniquement le pouvoir d’achat des ménages”, prévient Robert Rochefort, pour lequel “deux logiques contradictoires s’affrontent” dans les réponses à apporter. “Avec ma casquette d’économiste, la logique de long terme est de dire que le pouvoir d’achat ne pourra redémarrer significativement que lorsque des mesures structurelles auront été prises, surtout sur les gains de productivité. Mais en tant qu’analyste de la société, sur un plan strictement politique, on n’a pas le temps d’attendre (…) pour donner quelque chose aux Français”, déclare-t-il. “Le retour de l’inflation va aussi ronger la consommation” des ménages, le principal pilier de la croissance française, prévient Alexander Law, économiste en chef au cabinet Xerfi. “Cela a potentiellement un effet négatif sur la croissance mais il peut être amorti” par les réserves d’épargne des ménages, qui ont beaucoup augmenté, tempère Eric Dubois, chef du département du conjoncture de l’Insee. |
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