Merrill Lynch séduit le patron du NYSE-Euronext pour le poste de PDG

 
 
[14/11/2007 22:17:21] NEW YORK (AFP)

La banque d’affaires Merrill Lynch, privée de PDG depuis le limogeage de Stan O’Neal pour sa gestion désastreuse de la crise sur le marché hypothécaire, a séduit le patron de la première Bourse mondiale NYSE-Euronext, John Thain .

M. Thain, âgé de 52 ans, a été nommé PDG de Merrill Lynch, a annoncé mercredi soir cette dernière, confirmant une information éventée plus tôt dans la journée par la presse.

Il prendra au 1er décembre, pour des conditions financières non révélées, le poste laissé vacant fin octobre par M. O’Neal, dont le limogeage constituait le premier désaveu d’un patron d’une banque après la crise financière de l’été.

“John Thain est la personne qu’il faut pour endosser le rôle de PDG de Merrill Lynch”, a déclaré, dans un communiqué, le PDG par intérim Alberto Cribiore. “Il apporte une expérience sans précédent, un savoir de la complexité des marchés financiers et les capacités requises pour diriger une grosse entreprise financière”.

John Thain, réputé pour sa rigueur, a pour lui des faits d’armes prestigieux: il est le maître d’oeuvre de la modernisation de NYSE et du rapprochement historique entre la Bourse de New York et la Bourse pan-européenne Euronext pour créer la première place financière mondiale.

M. Thain est aussi un ancien président de Goldman Sachs, qui est, outre ses brillants résultats, une pépinière de carrières politiques à Washington.

Pour sa part, NYSE-Euronext devrait annoncer sous peu la nomination comme PDG de Duncan Niederauer, actuel président non exécutif, selon des sources proches du dossier citées par le Wall Street Journal.

M. Thain laisse à son futur successeur la Bourse de New York “en très bon état”, a-t-il déclaré dans un entretien à la chaîne CNBC. Il a placé en tête de ses priorités pour Merrill de “passer beaucoup de temps avec les collaborateurs”, et de “se concentrer sur les problèmes de court terme”, en référence à l’exposition de Merrill Lynch au marché en crise des créances hypothécaires à risque (“subprime”).

La nouvelle a agité toute la journée la Bourse de New York, mais l’action Merrill a clôturé en hausse de 1,81% seulement, à 57,98 dollars. Celle du NYSE a cédé 0,26% à 86,74 dollars.

Depuis le départ de M. O’Neal, le nom de John Thain circulait comme possible successeur. Ce dernier était également cité comme le possible nouveau PDG de Citigroup, la première banque mondiale, qui a débarqué son PDG Charles Prince une semaine après la sortie de M. O’Neal, pour des raisons identiques.

Avec le choix de M. Thain, Merrill Lynch fait un pied de nez à sa rivale Goldman Sachs, qui était déjà l’obsession de Stan O’Neal.

M. O’Neal ambitionnait en effet d’aligner d’aussi bons résultats que ses homologues de Goldman Sachs. Dans cette perspective, l’ancien PDG a fait évoluer Merrill Lynch de manière agressive vers les placements à risques et à forts rendements (lorsque tout va bien), pour faire croître plus rapidement les bénéfices du groupe.

Une stratégie jugée a posteriori excessive au vu de l’extrême exposition de Merrill Lynch aux “subprime”, qui a fini par coûter son poste à M. O’Neal.

Au troisième trimestre, Merrill Lynch a dû inscrire pour près de 8 milliards de dollars de dépréciations dans ses comptes, un record pour la banque.

Il s’agit de l’un des plus mauvais résultats du secteur, avec ceux de Citibank. A l’inverse, Goldman Sachs a affiché des résultats préservés de la crise des “subprime”, indiquant même mardi n’avoir aucune dépréciation supplémentaire à effectuer au titre du quatrième trimestre.

Les effets de la crise financière sur les résultats de Merrill Lynch se sont conjugués à une certaine usure du pouvoir de M. O’Neal, réputé pour sa gestion autoritaire du pouvoir et son manque d’écoute envers ses collaborateurs.

 14/11/2007 22:17:21 – © 2007 AFP