[15/11/2007 17:14:14] BERLIN (AFP) Les conducteurs de train ont étendu jeudi leur grève à l’ensemble des lignes, fret et passagers, dans une épreuve de force sans précédent en Allemagne qui inquiète la première économie d’Europe. La direction de la compagnie nationale des chemins de fer a porté plainte contre le syndicat des conducteurs de trains GDL , tandis que celui-ci menaçait de lancer une “grève illimitée” qui “pourrait durer jusqu’à Noël” si la Deutsche Bahn (DB) ne lui faisait pas de nouvelle offre d’ici lundi. La DB, qui subit “sa plus grande grève de l’histoire” ne propose “aucune nouvelle offre pour l’instant”, a rétorqué le chef du trafic passagers de la compagnie publique, Karl-Friedrich Rausch. GDL a étendu jeudi au trafic passagers, grandes lignes et liaisons régionales, la grève démarrée mercredi dans le fret. Le mouvement doit durer jusque samedi à 01H00 GMT. Dans une plainte déposée jeudi devant le conseil de Prud’hommes de Francfort, la Deutsche Bahn réclame cinq millions d’euros de dommages-intérêts au syndicat pour les premières grèves d’avertissement déclenchées dans le trafic régional en juillet en dépit d’une interdiction décidée par les tribunaux mais levée depuis.
La direction de la Bahn a reçu le soutien du gouvernement et du conseil de surveillance qui appellent le GDL à revenir sans plus tarder à la table des négociations. Même les deux syndicats majoritaires Transnet et GDBA se sont dits prêts à “discuter” avec le GDL pour jouer les médiateurs. La situation inquiétait d’autant plus l’industrie que les transporteurs privés sont dans l’incapacité d’absorber les transports de marchandises de la compagnie publique. Cette grève est le dernier épisode d’un bras de fer qui a déjà occasionné cinq arrêts de travail, toujours plus durs. GDL, qui compte 30.000 adhérents, réclame une hausse de salaires substantielle mais surtout une convention collective séparée, ce que refuse la Bahn au nom de l’unité tarifaire. “Economiquement”, les répercussions des grèves de jeudi, sont “catastrophiques”, a affirmé M. Rausch. Selon lui, 1.900 des 20.000 conducteurs du groupe ont suivi le mouvement. GDL de son côté affirme que quelque 3.070 conducteurs participaient aux grèves jeudi, contre 550 la veille pour le seul fret. La situation était très critique dans l’est du pays, où seuls 20% à 30% des trains régionaux ont circulé, contre 50% à 80% dans l’ouest.
Sur les grandes lignes, environ deux tiers des trains circulaient, essentiellement des trains à grande vitesse (ICE). Des compagnies aériennes à bas coût comme Air Berlin et Germanwings ont bénéficié par ricochet du mouvement avec une hausse des réservations de 15 à 30%. Même aubaine pour les agences de covoiturage, les affréteurs d’autocars ou les loueurs de voitures. D’après l’association des automobilistes allemands ADAC, le trafic sur la route a augmenté de 30%. Si la paralysie a pu être évitée sur le trafic passagers, la situation s’est révélée bien plus difficile dans le transport de marchandises, où les arrêts de travail touchaient en moyenne jeudi 40% des trains, avec des pics de 90% à Berlin et 70% à Hambourg. L’usine à Bruxelles du constructeur automobile allemand Audi, filiale haut de gamme du groupe Volkswagen, est à l’arrêt à cause de ce mouvement. La situation “est aggravée par la grève en France”, a souligné le chef de la division Transport et Logistique de la Bahn, Norbert Bensel. Il a expliqué par exemple que des trains de marchandises en provenance d’Espagne étaient dans l’impossibilité de traverser la France comme l’Allemagne. Les secteurs les plus touchés sont les industries automobile, chimique et sidérurgique. |
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