[16/11/2007 19:48:08] RYAD (AFP)
Iraniens et Saoudiens ont affiché publiquement, et involontairement, leurs divergences lors des réunions préparatoires du sommet des chefs d’Etat de l’Opep à Ryad, s’opposant sur le thème de la baisse du dollar et mettant à mal l’aspect consensuel de cette réunion. Le débat entre les ministres des Affaires étrangères du Pétrole et de l’Economie des douze pays membres de l’organisation a été retransmis par erreur sur le circuit vidéo interne du centre, permettant aux journalistes d’écouter les échanges entre le ministre iranien des affaires étrangères Manouchehr Mottaki et son homologue saoudien Saoud Al-Fayçal. M. Mottaki a demandé à ses collègues que soit inscrit dans la déclaration finale du sommet, qui sera publiée dimanche, un paragraphe sur les conséquences de la baisse du dollar pour les pays de l’Opep. Le chef de la diplomatie saoudienne lui a répondu que toute mention de la baisse du dollar dans le communiqué final risquerait de provoquer un “effondrement” du billet vert et de diminuer encore davantage les revenus des pays de l’Organisation. Le secrétaire général de l’Opep Abdallah al-Badri a ensuite affirmé qu’aucune référence au dollar ne serait faite dans le communiqué final.
Les prix du pétrole sur les marchés mondiaux sont libellés en dollar et sa baisse continue réduit de manière conséquente les revenus des pays producteurs. L’Iran fait partie, avec le Venezuela, d’un front “dur” antiaméricain au sein de l’Opep et a déjà décidé de ne plus vendre son pétrole en dollars mais dans d’autres devises comme l’euro. La présence au sommet du président iranien Mahmoud Ahmadinejad et du président vénézuélien Hugo Chavez, partisans d’une politique “dure” sur les prix et d’une rhétorique antiaméricaine, donne un ton hautement politique au sommet. M. al-Badri s’en est défendu rappelant que “l’Opep est une organisation non-politique”. Il a été toutefois contredit par le ministre vénézuélien du pétrole Rafael Ramirez pour qui “le fait que nous soyons là signifie que c’est un événement politique”. Hugo Chavez a lui-même souhaité avant son départ pour Ryad que l’Opep aille “au-delà du domaine purement énergétique” et se dote de “visées politiques et géopolitiques”. Caracas a notamment soutenu la réintégration de l’Equateur au sein du cartel, pour former un front avec ce deuxième membre latino-américain hostile à Washington. Quito doit réintégrer officiellement l’Opep au sommet de Ryad pour en devenir le 13e membre. Les Saoudiens, les plus importants producteurs du cartel et alliés des Etats-Unis, souhaitaient que le sommet s’affiche comme consensuel et tourné vers la protection de l’environnement et l’aide aux pays pauvres.
Plusieurs ministres de l’Opep ont mentionné la possibilité de créer un “fond pour le développement international” qui permettrait d’aider les pays les plus démunis à faire face à l’envolée des prix du pétrole. Les ministres ont toutefois écarté dans leurs déclarations avant l’ouverture du sommet toute annonce à Ryad sur une augmentation de la production du cartel, renvoyant une éventuelle décision à la réunion ministérielle d’Abou Dhabi début décembre. “Nous avons assez d’approvisionnement (pétrolier) pour le moment”, a réaffirmé vendredi le ministre algérien du Pétrole, Chakib Khelil. L’Opep pourrait aussi inclure dans son communiqué un appel aux pays industrialisés pour qu’ils baissent leur taxes sur le pétrole qui renchérissent le prix de l’essence et du fioul pour les consommateurs. Autre priorité du sommet de Ryad, la protection de l’environnement: Cette préoccupation devrait se traduire par l’inclusion dans le communiqué final d’un message à l’attention des pays industrialisés les appelant à développer la technologie de la séquestration de dioxyde de carbone (CO2) qui limite la diffusion dans l’atmosphère des gaz à effet de serre dégagés par la combustion des hydrocarbures. |
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