Ouverture du sommet de l’Asean à Singapour avec la Birmanie en ligne de mire

 
 
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Le ministre des Affaires étrangères singapourien George Yeo lors de l’ouverture de l’ASEAN, le 19 novembre 2007 à Singapour (Photo : Romeo Gacad)

[19/11/2007 07:42:15] SINGAPOUR (AFP) Les pays de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean) étaient réunis lundi en sommet à Singapour où ils ne pourront faire l’économie d’une explication “en famille” avec la Birmanie, ombrageux partenaire qu’ils adjurent en vain de se réformer depuis dix ans.

Les dirigeants du bloc asiatique, qui fête ses 40 ans d’existence, sont réunis jusqu’à mercredi dans la cité-Etat placée sous haute sécurité.

Les ministres des Affaires étrangères de l’Asean ont formellement adopté lundi matin une charte commune, mûrie depuis deux ans. Ce cadre institutionnel permettra notamment à l’instance asiatique de signer des traités internationaux.

Le document sera officiellement paraphé mardi.

Les signataires s’engagent à “renforcer la démocratie, la bonne gestion des affaires publiques, le respect de la loi et à promouvoir et protéger les droits de l’Homme et les libertés fondamentales”.

“Nous allons franchir un pas important”, s’est félicité le ministre singapourien des Affaires étrangères George Yeo.

Mais le texte reste guidé par la plus extrême prudence. Toute mesure coercitive impliquant l’éventuelle suspension d’un membre a été expurgée, selon une copie du projet final obtenu par l’AFP.

Cette décision ne peut que conforter la Birmanie qui militait en sous main pour le retrait de cet article.

“En autorisant la Birmanie à signer sans considération pour les souffrances du peuple birman, tous les pays de l’Asean violeront les principes de la charte”, ont dénoncé des dissidents de la Coalition pour une Birmanie libre (Free Burma Coalition, FBC) dans un courrier adressé aux dirigeants de l’Asean.

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Une manifestation en faveur de Aung San Suu Kyi le 18 novembre 2007 à Singapour, à la veille de l’ouverture de l’ASEAN (Photo : Romeo Gacad)

Les projecteurs seront justement braqués sur la junte birmane clouée au pilori par la communauté internationale après sa brutale répression, fin septembre, d’un mouvement populaire pacifique emmené par des bonzes.

L’instance asiatique a été mise au défi par la communauté internationale de tenir en bride son “mouton noir” sur lequel elle semble n’avoir aucune prise.

Sommée d’agir après la répression de septembre, l’Asean a exprimé sa “révulsion”, un terme inhabituellement virulent pour une organisation consensuelle. Mais le bloc n’est pas allé au-delà des incantations et c’est à l’ONU qu’échut l’initiative d’une mission de médiation.

Des discussions informelles mais “cruciales” sont programmées lundi soir lors d’un dîner informel en présence du Premier ministre birman Thein Sein.

Depuis son adhésion au bloc asiatique en 1997, la Birmanie est une épine au flanc du groupe qui comprend également la Thaïlande, l’Indonésie, la Malaisie, les Philippines, Singapour, le Vietnam, Brunei, le Laos et le Cambodge.

Son triste palmarès en matière de violation des droits de l’Homme et son refus de s’amender rejaillissent sur l’Association, jugée trop conciliante.

Jaloux de ses prérogatives régionales, le groupe se dit persuadé de pouvoir régler le problème birman “en famille”.

“La Birmanie est un membre de la famille Asean. Aucune famille ne souhaite voir l’un de ses membres malade, même si nous ne sommes pas toujours d’accord avec lui”, a rappelé samedi le chef du gouvernement singapourien Lee Hsien Loong.

Le sommet de l’Asean se termine mercredi et sera suivi, le même jour, par celui de l’Asie de l’Est qui rassemble les Dix de l’Asean et leurs six partenaires régionaux privilégiés (Chine, Japon, Corée du Sud, Inde, Australie et Nouvelle-Zélande).

 19/11/2007 07:42:15 – © 2007 AFP