[19/11/2007 12:14:13] RYAD (AFP) L’Opep a achevé dimanche son sommet de Ryad divisée, à la fois sur la question de l’utilisation du dollar comme monnaie de commerce du pétrole et sur celle de l’or noir comme arme politique. Les prix du pétrole sont libellés en dollar, dont le cours a chuté de près de 15% depuis un an face à l’euro, diminuant d’autant les revenus pétroliers des pays producteurs. “Tous les chefs d’Etat présents étaient contrariés à cause du dollar. La valeur de leurs réserves (de change) a chuté”, a dit le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, à l’issue du sommet des chefs d’Etats de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Qualifiant le billet vert de “papier sans valeur”, Mahmoud Ahmadinejad a également proposé que l’Opep ait sa propre devise. La controverse sur le dollar a éclaté au grand jour vendredi lors de la retransmission accidentelle d’une réunion ministérielle supposée à huis clos. C’est l’Iran qui a mené la charge en demandant par écrit à ses partenaires que l’inquiétude face à la faiblesse du dollar soit mentionnée dans la déclaration finale, soutenu par le Venezuela et l’Equateur. L’Iran, le Venezuela et l’Equateur, anti-américains et partisans d’une politique dure sur les prix, veulent utiliser le pétrole et maintenant le billet vert comme instruments politiques. Face à eux, l’Arabie saoudite, chef de file de l’Opep, avec derrière elle la grande majorité du cartel, est plus pragmatique et pro-américaine. S’ils n’ont pas eu gain de cause sur une déclaration officielle sur le dollar, les “faucons” de l’Opep ont obtenu de leurs dix partenaires la tenue d’un comité des ministres des Finances et du Pétrole pour étudier l’impact de la baisse du billet vert et d’éventuelles solutions. A savoir la commercialisation du pétrole dans une devise plus forte, comme l’euro, ou l’établissement d’un panier de devises. Téhéran, qui vend déjà son pétrole essentiellement en euros depuis le début de l’année, a aussi de nouveau agité la menace de l’arme pétrolière face aux Américains, qui veulent durcir les sanctions liées à son programme nucléaire. “Nous ne voudrions jamais devoir utiliser le pétrole comme arme (…) mais si l’Amérique décide d’une quelconque action contre nous, nous saurons comment répondre”, a lancé M. Ahmadinejad. L’Opep “ne doit pas être utilisée comme organisation politique” et le pétrole comme “outil de conflits”, a rétorqué le ministre des Affaires étrangères saoudien, le Prince Saoud al-Fayçal. Sur le dollar, il a ajouté que “les solutions devraient être fondées sur des faits et des chiffres et non sur des suppositions”, après avoir mis en garde vendredi contre un “effondrement” du billet vert. “D’un point de vue technique, je ne vois pas comment on pourrait mettre en place” des transactions pétrolières dans une autre monnaie que le dollar, a estimé une source proche des décideurs de l’Organisation. “Le pétrole est coté en dollar à Londres comme à New York, et en facturant en euro par exemple, cela devient une opération de change, sans qu’on bénéficie réellement de la monnaie forte”, a renchéri Yasser Elguindi, analyste chez le groupe de services financiers SIG. “Changer la structure de prix du pétrole reviendrait à révolutionner l’économie” des pays de l’Opep, a-t-il ajouté. La fracture au sein du cartel s’est aussi retrouvée sur le niveau quasi-record du pétrole, un prix que les “faucons” jugent “juste”, les autres craignant qu’un baril à 100 dollars n’encourage les énergies alternatives. Les pays consommateurs attribuent la flambée de l’or noir à un approvisionnement insuffisant et les ministres du Pétrole de l’Opep se retrouveront dans un peu plus de deux semaines à Abou Dhabi pour étudier le niveau de leur quotas de production. Le pétrole a ouvert lundi en légère hausse à 94 dollars environ à New York et 92 dollars à Londres. |
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