[19/11/2007 17:44:41] PARIS (AFP) Au sixième jour de grève, de nombreuses entreprises commençaient à ressentir le contrecoup du mouvement lancé dans les transports publics, notamment dans les secteurs de l’industrie, du commerce et de l’hôtellerie. La ministre de l’Economie Christine Lagarde a évalué lundi le coût de la grève à une somme allant de “300 à 400 millions d’euros par jour”. Première touchée, la SNCF a déjà perdu “plus de 100 millions d’euros”, selon sa présidente Anne-Marie Idrac. La direction de la RATP assure que le mouvement sur les retraites lui coûte 4 millions d’euros par jour. “Les conséquences sont dramatiques pour nos clients” avec quinze sites industriels proches de “la rupture d’approvisionnement”, affirme Oliver Marembaud, directeur général délégué du fret SNCF. Le leader mondial de l’acier, ArcelorMittal évoque des “wagons perdus, mal orientés, et des délais non respectés”.
Le secteur du commerce crie lui aussi à la “catastrophe”: “La baisse va de 10% à 50%. J’ai peur qu’on atteigne le moral des consommateurs”, déplore Lucien Odier, président de la Fédération des enseignes d’habillement, qui regroupe notamment Zara, Gap ou Celio. Du côté des magasins indépendants, le ton est encore plus alarmiste: la Fédération nationale de l’habillement évoque une baisse “de 40 à 50%” du chiffre d’affaires. “Du jamais vu depuis mai 68!”, ose son président Charles Melcer. Dans les grands magasins, la baisse de fréquentation atteint “de 40 à 50%” à Paris, affirme Jacques Perrilliat, président de l’Union du grand commerce de centre-ville (Printemps, Galeries Lafayette, BHV…), selon qui les commerces de proximité comme Monoprix résistent mieux. L’impact est également plus limité en Province où la grande majorité des transports locaux fonctionnent, ajoute M. Perrilliat. Dans les hôtels franciliens, l’impact “se chiffre de -20 à -40%” et “jusqu’à -50%” près des gares, s’inquiète Bertrand Lecourt, président de l’Umih Ile-de-France. Chez le gérant des parcs d’exposition de Villepinte et du Bourget, on s’inquiète surtout “d’un impact catastrophique en termes d’image” pour Paris. “Cela nous affaiblit par rapport à la concurrence étrangère”, souligne Philippe Bertin, de Paris-Nord Villepinte, qui a relevé une baisse de fréquentation de 20% durant les quatre salons de la semaine dernière. La morosité gagne l’industrie du spectacle. “Environ 5% des concerts et spectacles ont été annulés”, explique Audrey Marie-Rose-Pécome, responsable juridique du Prodiss, qui représente notamment le Zénith et l’Olympia. Certains théâtres proposent des représentations gratuites pour pallier la “baisse sensible” de la fréquentation, selon elle. Même les secteurs qui pourraient profiter de la grève font grise mine. Chez Décathlon, on reconnaît à Paris “une forte augmentation (des) ventes de vélos et d’équipements du cycliste” mais qui ne fait que compenser la baisse de fréquentation. Chez les loueurs de voitures, le bond des locations en centre-ville est contrebalancé par “l’effondrement” de l’activité dans les gares qui représente normalement chez Europcar “40% du chiffre d’affaires”, selon son directeur général France, Eric Ledroux. Très sollicités, les 15.600 taxis parisiens peuvent eux profiter d'”une tolérance” de la Préfecture pour dépasser leurs horaires. Mais les journées de grève ne sont “pas commercialement intéressantes”, selon la Fédération nationale des artisans taxis, en raison des délais entre chaque client dus aux embouteillages. |
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