[20/11/2007 11:59:40] SINGAPOUR (AFP) L’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean) s’est dotée mardi à Singapour d’une mini-Constitution censée lui conférer une crédibilité sur la scène internationale, encore affaiblie par un coup de colère de la Birmanie qui semble imposer ses vues au groupe. Les dix signataires (Birmanie, Thaïlande, Indonésie, Malaisie, Philippines, Singapour, Vietnam, Brunei, Laos et Cambodge) réunis en sommet jusqu’à mercredi dans la cité Etat s’engagent notamment à “promouvoir et protéger les droits de l’Homme et les libertés fondamentales”. Mais toute mesure coercitive impliquant la suspension d’un membre récalcitrant, un temps envisagée, a été expurgée sous les pressions de la Birmanie décriée pour ses constantes violations des droits de l’Homme. Une simple “instance” en la matière est censée voir le jour sans que ses prérogatives soient encore définies. Cette charte, premier cadre légal d’une organisation mise sur pied il y a 40 ans en pleine Guerre froide pour endiguer le communisme, habilitera l’Asean à signer des traités internationaux et intenter des actions en justice. Elle doit être encore ratifiée par les Parlements des Dix.
Mais la cérémonie de signature a été largement occultée par le “coup” diplomatique de la Birmanie qui à fait capoter la veille un briefing de l’envoyé spécial de l’ONU sur la Birmanie Ibrahim Gambari. Alors que tous s’attendaient à voir le régime birman faire profil bas après sa brutale répression d’un mouvement populaire fin septembre, la junte a repris l’initiative en faisant jouer la règle du consensus au sein du groupe pour faire barrage au compte-rendu du diplomate. Dans un entretien accordé mardi à l’AFP, ce dernier s’est déclaré “déçu”. “C’est pour cela que j’étais venu”, a-t-il dit. Il était censé faire le point mercredi sur ses récentes médiations en Birmanie, théâtre fin septembre d’une répression d’un mouvement pacifique emmené par des moines qui a fait au moins 15 morts à Rangoun, selon les autorités, mais nettement plus selon des diplomates occidentaux.
Le Premier ministre birman, Thein Sein, a argué que M. Gambari ne devait en référer qu’au Conseil de sécurité des Nations unies et non à l’Asean ou au sommet de l’Asie de l’Est (Asean + six partenaires régionaux). “Durant ce sommet, la Birmanie obtient tout ce qu’elle veut — en ce qui concerne le contenu de la charte… et la façon dont est traité l’émissaire de l’ONU”, a estimé Hiro Katsumata, spécialiste de l’Asean à l’Université de Technologie de Singapour. Sur une note plus positive, l’Asean a joué son rôle de plateforme de dialogue privilégiée en accueillant la traditionnelle rencontre trilatérale entre la Chine, le Japon et la Corée du Sud. C’était la première rencontre du Premier ministre japonais Yasuo Fukuda avec ses homologues asiatiques depuis qu’il succédé fin septembre au nationaliste Shinzo Abe, démissionnaire. Les trois pays sont notamment convenus de coopérer au processus de dénucléarisation de la Corée du Nord censée désactiver d’ici le 31 décembre son principal site nucléaire et fournir une liste complète de ses programmes – avant un démantèlement complet – en échange d’une aide énergétique. Le sommet de l’Asean se termine mercredi et sera suivi, le même jour, par celui de l’Asie de l’Est qui rassemble les Dix de l’Asean et leurs six partenaires régionaux privilégiés (Chine, Japon, Corée du Sud, Inde, Australie et Nouvelle-Zélande). |
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