Moins connue que la Chine dans ce
domaine, l’Inde est devenue en quelques années un eldorado pour les
nouvelles technologies, notamment dans l’informatique et la téléphonie
mobile, avec comme atout le fait que sa population parle anglais.
Symbole de sa montée en
puissance, le sommet annuel de l’Institut de l’audiovisuel et des télécoms
en Europe (Idate), qui s’achève jeudi à Montpellier, l’a choisie comme pays
invité.
“L’Inde c’est le deuxième géant
qui s’éveille”, note Yves Gassot, directeur général de l’Idate.
“La Chine s’est d’abord imposée
comme l’atelier monde, où se fabrique plus d’un terminal mobile sur deux,
puis s’est constituée une industrie d’équipements de télécommunications très
agressive au plan mondial”, rappelle-t-il.
“L’Inde s’est imposée comme un
lieu d’externalisation privilégié pour les activités administratives et
l’informatique, avec comme atouts la langue anglaise, qu’on ne retrouve pas
en Chine, et l’existence d’une tradition universitaire, avec des promotions
annuelles de 300.000 ingénieurs dans le secteur des technologies de
l’information”, explique-t-il.
IBM, qui a investi le pays dès
1992, y compte 53.000 employés, sa plus grande unité hors des Etats-Unis,
tandis que Microsoft, Cisco et CapGemini sont aussi présents.
Pour accompagner, entre autres,
ce type de clients, France Télécom emploie en Inde 1.600 personnes. Il a
racheté en juillet les divisions “Entreprise” et “Services Managés” de la
société indienne de télécommunications GTL Limited.
“Nous sommes dans
l’accompagnement de nos très grands clients qui investissent en Inde, dans
l’informatique et les centres d’appels”, explique Barbara Dalibard,
directrice exécutive de Orange Business Services. “Sur notre marché
entreprises, l’Inde est fondamentale et nous espérons y poursuivre une
croissance à deux chiffres.”
“Maintenant ce sont les
entreprises indiennes (de nouvelles technologies, ndlr) qui externalisent
auprès d’entreprises étrangères, principalement Ericsson et Nokia”, explique
N. Sivasamban, directeur télécoms de Tata Consultancy Service.
Le pays se distingue aussi dans
la téléphonie mobile, avec plus de 200 millions de clients et 6 millions de
nouveaux adeptes chaque mois, soit un taux de pénétration de 16% (plus de
60% dans les grandes villes) et la croissance la plus forte au monde.
L’Inde vise les 500 millions de
clients en 2010, tandis que les géants du secteur comme Bharti, Reliance et
Tata, affichent désormais des ambitions mondiales.
Le britannique Vodafone a racheté
en février le quatrième opérateur indien Hutchison Essar pour 11,1 milliards
de dollars, tandis que Motorola a installé à New Delhi depuis 2005 le siège
de sa division “marchés émergents”.
Ce qui séduit en Inde, c’est sa
capacité d’ouverture aux acteurs étrangers, contrairement à la Chine, où
aucun opérateur ni équipementier n’est contrôlé par des capitaux non-chinois
et où le gouvernement veut imposer sa propre norme de téléphonie de
troisième génération (3G).
A l’inverse, le gouvernement
indien vient de se prononcer pour un système d’enchères pour les futures
licences 3G, ouvert aux nouveaux entrants, y compris étrangers. L’américain
ATT et l’allemand Deutsche Telekom ont exprimé leur intérêt, selon l’Idate.
Comme le note Barbara Dalibard,
par rapport à la Chine, où France Télécom est aussi présent, “nos capacités
d’intervention directe, sans partenaires, sont un peu plus élevées en Inde”.
Reste le point noir commun aux
deux pays, malgré les plans lancés par leurs gouvernements respectifs: la
téléphonie fixe reste balbutiante, ralentissant le développement d’internet
(seuls 8 millions d’Indiens y ont accès, dont 2 millions en haut débit).
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