[20/11/2007 06:57:13] BRUXELLES (AFP) L’Union européenne entame un délicat réexamen de sa politique agricole commune (PAC) dans un contexte transformé par la flambée des cours mondiaux des céréales qui remet au goût du jour la nécessité de produire plus après des années de restrictions. Mardi, la Commission européenne doit dévoiler ses intentions et donner ainsi le coup d’envoi de ce “bilan de santé”, dont le principe avait été adopté lors de la grande réforme de la PAC de 2003. Une longue période de consultations suivra, découchant au printemps 2008 sur des propositions législatives. Objectif: aboutir à des prises de décision à la fin de l’année prochaine, au moment où la France, première puissance agricole européenne et grande bénéficiaire de la PAC, assurera la présidence tournante de l’UE. Depuis 2003, les aides aux agriculteurs ne sont plus systématiquement liées aux quantités qu’ils produisent (“découplage”). Mais de nombreuses exemptions demeurent, notamment en France. La Commission suggère d’aller plus loin, dans son projet, ce qui promet des débats difficiles. Elle souhaite que l’on consacre davantage d’argent au développement rural et moins aux subventions directes aux revenus des agriculteurs. Elle propose aussi de nouveau, après un premier échec en 2002, de réduire les aides individuelles les plus élevées. Surtout, Bruxelles propose de mettre fin aux mises en jachères des cultures (l’obligation a déjà été exceptionnellement levée pour la campagne 2007-08), d’abandonner progressivement les quotas laitiers limitant la production et de revoir les différents instruments de soutien du marché. “Pour rester une politique d’avenir, la PAC doit être capable de s’adapter aux nouveaux défis”, souligne la Commission. Le contexte agricole mondial a radicalement changé. La demande explose et excède souvent l’offre, comme pour les céréales, tandis que les stocks sont au plus bas. Résultat, après des décennies de baisse, les prix des matières premières agricoles s’envolent (celui du blé a doublé en un an), entraînant celui de produits alimentaires de base dans leur sillage. Plusieurs facteurs se conjuguent: la formidable croissance démographique et économique des pays émergents, qui transforme les habitudes alimentaires de leurs populations, les aléas climatiques ou encore la mode des biocarburants. Pour la PAC, cette nouvelle donne, qui favorise les activités agricoles, équivaut à une révolution culturelle. Après s’être efforcée des décennies durant de limiter sa production afin d’éviter les excédents, l’UE peut commencer à lâcher la bride. Ses agriculteurs entrevoient la possibilité de vivre de leurs denrées et de cesser de dépendre de subventions qui représentent en moyenne la moitié de leurs revenus. La France entend clairement tirer avantage de cette situation pour défendre ses intérêts. Il faut “une politique agricole ambitieuse” en Europe, qui jouisse de “moyens” adaptés, a redit au début du mois son ministre de l’Agriculture Michel Barnier, qui se positionne déjà en vue de la réforme de fond que devrait subir la PAC après 2013, dans le sillage du “bilan de santé. Le réexamen de la PAC va en effet se télescoper l’an prochain avec un débat mené en parallèle mais tout aussi explosif: celui sur la remise à plat du budget de l’UE après 2013. Il risque de rouvrir la boîte de Pandore avec un bras de fer attendu autour de l’importance de la PAC (quelque 40% du budget aujourd’hui) et d’autres points sensibles comme le fameux rabais britannique. Cette semaine, le ministre britannique des Affaires étrangères David Miliband a posé de premiers jalons en soulignant la nécessité de “moderniser” l’agriculture européenne. |
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