Portrait – Sana Fathallah Ghenima, l’ingénieur à tout faire
A la voir se démener d’un bureau
à l’autre, d’un service à l’autre, et d’un dossier à l’autre sans presque
jamais garder son bureau plus de cinq minutes entières, on la croirait seule
à supporter les charges de sa petite entreprise. Ajoutez son téléphone fixe
et ses deux portables en mains qui n’arrêtent pas de sonner la journée
entière au rythme d’un appel toutes les trente secondes, et vous finirez par
vous demander si elle trouve vraiment le temps de prendre le repas de midi
comme sa…vingtaine de techniciens et ingénieurs qui collaborent avec elle.
D’ailleurs, on peut parier sans
risque de se tromper que cette femme ne grossira jamais, ne prendra plus
jamais un kg de plus – si elle n’en perdra pas à ce rythme-là. Ce qu’on voit
dans ses yeux, ce n’est pas vraiment l’expression farouche et rigoriste d’un
chef de projet autoritaire et tout craint, mais une vigueur et une dynamique
à en revendre. Elle bouillonne d’ardeur, et papillonne d’un endroit à
l’autre, d’un pays à l’autre. Elle est constamment en quête du savoir-faire
là où il se trouve, et elle ne ménage rien pour y aller le chercher. C’est
sans doute cette course inlassable derrière la perfection et cette obsession
du professionnalisme qui l’ont amenée à composer avec des opérateurs
d’envergure internationale dans le domaine des TIC.
Elle naît il y a 41 ans à Akkouda,
dans le Sahel, mais fait le plus clair de ses études à Tunis. C’est à l’ENIT
de Tunis qu’elle obtient un diplôme en Génie industriel, conforté d’un
certificat de Business and Technical English au Britich Concil. Sa carrière,
elle la commence en 1992 à Shell Tunisie pour laquelle elle réalise une
étude de rentabilité des stations services. L’année d’après, elle est à M.
Texture où elle se voit confier la conduite de l’implantation de l’usine à
Sousse.
En 1992, elle est chez Oregon
Maine où elle occupe le poste de directrice d’usine (gestion des exports,
organisation des chaînes de production, et responsable des systèmes
d’information). En 1993 (Dieu ce qu’elle papillonne !), elle est Chef
Produit chez Aster Informatique pour laquelle, entre autres, elle réalise
l’implantation de sept sites industriels en l’espace de deux ans. Et une
année après, toujours chez Aster, elle est bombardée Directrice des grands
comptes et Préposée au développement.
On comprend dès lors que le
groupe Aster ne peut se détacher d’un tel profil. Aussi, de 1996 à 1997,
passe-t-elle du poste de directrice générale adjointe à celui, tout
simplement, de Directrice générale. Ce qu’elle offre au groupe n’a rien de
simple en revanche.
Elle multiplie par 4 son chiffre
d’affaires en cinq ans, lui réalise une usine de montage de PC avec une
capacité annuelle à même de rafler 30 % du marché, et lui assure la création
de deux nouvelles entités dans la distribution en gros avec une croissance
de 45%.
En 2003, Sana Fathallah Ghenima a
déjà la réputation d’un ingénieur de grande dimension. Elle lance son propre
projet qu’elle baptise Sanabil Med (les épis de la Méditerranée) et qu’elle
monte avec un capital mixte tuniso-européen d’une hauteur de 170 mille
dinars. Une PME agissant dans le développement des contenus ludo-pédagogique,
multimédia, plateformes e-learning, bornes interactives, livres et CD
éducatifs.
Mais ce n’est pas tout. Mme Sana
Ghenima est la fondatrice et présidente de la chambre syndicale nationale
des intégrateurs informatiques, secrétaire générale de l’Association
tunisienne de la prévention routière chargée de la formation, présidente de
la commission Nouvelles technologies au sein du comité d’organisation du
Mondial Hand 2005, et, pour couronner le tout, membre du comité
d’organisation du Sommet Mondial sur la Société de l’Information de Genève
2003 et Tunis 2005. Normal qu’avec tout cela on n’ait plus le temps pour le
repas de midi. Cette mère de deux enfants est de l’électricité en l’air…