[21/11/2007 09:40:34] TOKYO (AFP) Le yen a atteint mercredi son plus haut niveau face au dollar depuis juin 2005, revigoré par l’aversion croissante des investisseurs à l’égard du billet vert et par la crainte que la Chine ne décide de diversifier prochainement ses énormes réserves de change. Le billet vert est brièvement passé mercredi sous la barre des 109 yens, ce qui ne s’était plus produit depuis deux ans et demi. La nouvelle a provoqué des ventes massives à la Bourse de Tokyo où l’indice Nikkei a plongé de 2,46%, terminant la séance à son plus bas niveau en seize mois. Ce brusque redémarrage du yen nuit aux exportateurs japonais, dont la plupart ont établi leurs prévisions annuelles de bénéfices sur la base d’un dollar à 115 yens, niveau autour duquel il fluctuait ces derniers mois. A l’instar de l’euro, qui bat actuellement record sur record face au dollar, le yen bénéficie de la méfiance croissante à l’égard du billet vert. Les incertitudes concernant l’économie américaine, en proie à la crise des prêts immobiliers à risque, et la perspective d’une nouvelle baisse des taux d’intérêt par la Réserve fédérale “incitent les investisseurs à laisser tomber le dollar ainsi que les actifs libellés en dollar”, a expliqué Hirokazu Fujiki, stratège chez Okasan Securities. La chute de la devise américaine s’explique également par “la peur que la Chine ne convertisse ses avoirs en dollars dans des monnaies plus fortes comme l’euro”, a souligné Yosuke Hosokawa, stratège chez Chuo Mitsui Trust Bank. La Chine possède les réserves de change les plus importantes du monde (plus de 1.400 milliards de dollars) et toute modification dans la répartition des monnaies composant cette manne aurait des répercussions considérables sur le marché. Pékin “souhaite un dollar fort”, a cependant déclaré lundi le gouverneur de la Banque populaire de Chine, Zhou Xiaochuan, à l’occasion d’une réunion en Afrique du Sud. Le marché est également agité par des craintes concernant l’attitude des pays du Golfe, dont les exportations pétrolières sont libellées en dollars, et dont la plupart des monnaies ont un lien fixe avec la devise américaine. Le billet vert “souffre des spéculations selon lesquelles ces pays vont réévaluer leurs monnaies et remplacer l’arrimage au dollar par un lien avec un panier de devises”, a indiqué John Kyriakopoulos, stratège chez NAB Capital. Cette forte remontée du yen incite les investisseurs à se demander si l’Etat japonais interviendra pour soutenir sa devise et donner un coup de pouce aux exportateurs nippons, comme il l’a souvent fait dans le passé. Le numéro deux du gouvernement, Nobutaka Machimura, a toutefois récemment assuré qu’un yen fort était “fondamentalement bon” pour l’économie nippone, car il “augmente la valeur du Japon” sur le long terme. Un yen fort contribue aussi à adoucir la facture pétrolière du Japon, pays qui dépend presque à 100% de l’extérieur pour son approvisionnement en énergie. “Les interventions massives ont constitué un frein à l’appréciation du yen en 2003-2004 et ont contribué à la reprise économique. Mais la situation est à présent très différente de cette période, et les chances de ventes significatives de yens par la Banque du Japon sont faibles”, a prédit Richard Jerram, économiste chez Macquarie Securities à Tokyo. Selon lui, “les Etats-Unis seraient beaucoup moins tolérants qu’il y a quatre ans à l’égard d’une intervention” du Japon pour soutenir le yen, qui risquerait d’aggraver davantage les problèmes de l’économie américaine. |
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