[21/11/2007 17:02:15] LONDRES (AFP) Le Premier ministre Gordon Brown, déjà au plus bas dans les sondages, a dû présenter ses excuses au pays mercredi après la bourde retentissante de ses services fiscaux, qui ont laissé s’évanouir dans la nature les données confidentielles de près de la moitié de la population. “Je regrette profondément et je présente mes excuses pour les tracas et l’inquiétude causés à des millions de familles”, a déclaré M. Brown aux Communes, dans le cadre d’une séance hebdomadaire des questions au Premier ministre plutôt houleuse. Le chef du gouvernement a annoncé qu’il avait ordonné l’ouverture d’une enquête, confiée à un haut fonctionnaire et à des experts, sur les procédures de sécurité au sein des services du gouvernement. Selon lui, rien ne permet d’indiquer à ce stade que les données confidentielles contenues sur les deux cédéroms portés disparus –numéros bancaires, dates de naissance, adresses…– soient tombées dans des mains malveillantes. Par précaution, les banques et les Britanniques ont été priés de traquer toute activité suspecte sur leurs comptes. “Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour que les données soient en sécurité”, a promis un Gordon Brown sur la défensive, sous les huées de l’opposition. Le scandale avait éclaté mardi au Parlement : le ministre des Finances Alistair Darling avait révélé, à la consternation générale, que le fisc avait laissé s’échapper l’ensemble des dossiers d’allocations familiales du pays, soit plus de 25 millions de personnes, ou plus de sept millions de familles. Ces informations étaient contenues sur deux cédéroms, envoyés en octobre par un responsable des services fiscaux à un organisme officiel de contrôle des dépenses publiques, le National Audit Office, à sa demande. Ces disques informatiques, non-cryptés, étaient protégés par un simple mot de passe. “Un rêve de criminel”, note un journal. Le transport a été confié à la société privée TNT, mais les cédéroms n’ont pas été envoyés en courrier recommandé. Ils n’ont jamais atteint leur destinataire. Mercredi matin, M. Darling a fait la tournée des radios et télévisions, se livrant à un délicat exercice de contrition après ce qu’il a qualifié d'”erreur catastrophique”. “Je m’excuse sans aucune réserve. (…) C’est une erreur colossale qui n’aurait jamais dû arriver”, a-t-il déclaré sur Sky News. Le chef du principal parti d’opposition, le conservateur David Cameron, a pour sa part affirmé que cette “bourde consternante” était la dernière d’une série d’erreurs similaires révélant des “défaillances endémiques” au sein des services fiscaux britanniques. M. Cameron a rappelé au passage que la fusion des services des impôts et des douanes avait été achevée en 2005 sous la houlette du prédécesseur de M. Darling, un certain Gordon Brown. La presse de mercredi accordait une large couverture à ce cafouillage sans précédent, déjà baptisé “Discgate” par le Guardian. Les journaux multipliaient les conseils pratiques aux Britanniques, notamment pour vérifier que leurs comptes bancaires n’ont pas été piratés. Ce scandale tombe au plus mal tant pour M. Darling, déjà contesté pour sa gestion du dossier de la banque en difficulté Northern Rock, que pour le Premier ministre, au plus bas dans les sondages après qu’il a renoncé à convoquer des élections législatives anticipées le mois dernier. Pour l’heure, l’opposition n’a pas encore demandé expressément la tête du Chancelier de l’Echiquier. Mais pour le Daily Telegraph, M. Darling est désormais en sursis. “Nous ne doutons pas qu’il va rester à son poste en attendant de faire le ménage – mais ses jours sont sans doute comptés”, estime le quotidien de droite. |
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