Fret SNCF : la grève va encore pénaliser une branche sinistrée

 
 
[22/11/2007 17:58:38] PARIS (AFP)

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Des trains de fret immobilisés à Drancy, près de Paris, le 22 novembre 2007 (Photo : Jean Ayissi)

La branche Fret de la SNCF, déjà en crise chronique, va être fortement pénalisée par la grève des cheminots français, qui devrait lui coûter environ 80 millions d’euros, encore ternir son image et donc favoriser ses concurrents privés.

La grève est “dramatique” pour le Fret SNCF et pour ses clients, déclare à l’AFP le patron de la branche Olivier Marembaud, au neuvième jour d’un conflit qui semble toucher à sa fin, plusieurs assemblées générales de grévistes ayant appelé à la reprise du travail.

“Il y avait un très léger redressement du fret ces derniers mois et là tout est remis à zéro, la SNCF va replonger”, confirme Laetitia Dablanc, chercheur à l’Institut national de recherche sur les transports et leur sécurité (Inrets).

Fret SNCF évalue le coût du conflit à environ 80 millions d’euros, une somme qui risque de creuser la perte déjà enregistrée en 2006 –260 millions– et de réduire à néant la légère amélioration observée depuis le début de l’année. Au premier semestre, la branche avait réduit son déficit à une centaine de millions et le trafic était reparti à la hausse, pour la première depuis 2000.

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Un CRS garde l’accès à un train de fret, à Clermont Ferrand (Photo : Thierry Zoccolan)

Outre les inquiétudes sur les régimes spéciaux de retraite, les craintes liées à la restructuration de l’activité fret figurent parmi les motivations de la grève actuelle, les syndicats craignant des suppressions d’emplois.

Olivier Marembaud refuse de chiffrer le déficit du fret pour l’année 2007, tout en soulignant que la grève signifie “évidemment (…) un alourdissement de notre perte par rapport à la situation prévue”.

Mais au-delà de ce manque-à-gagner, Laetitia Dablanc souligne “une question d’image” auprès des clients qui, écoeurés par les retards, les trains bloqués ou les wagons perdus, sont susceptibles de se tourner vers la route et surtout vers les concurrents privés de la SNCF.

Selon elle, si le recours aux camions est une procédure “d’urgence” sans conséquence à long-terme sur le fret SNCF, le conflit social devrait en revanche profiter aux opérateurs ferroviaires privés (Veolia Cargo, EuroCargoRail…), qui détiennent aujourd’hui environ 4% du marché.

“Les clients ont peur des grèves ultérieures, donc ils choisiront un opérateur privé”, résume Laetitia Dablanc.

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Des cheminots de la SNCF bloquent un train de Veolia, à Toulouse, le 27 mars 2007 (Photo : Lionel Bonaventure)

Pourtant, à court terme, les concurrents de la SNCF sont eux aussi pénalisés par le conflit puisque le réseau (aiguillages, sécurité, etc…) est géré par la compagnie nationale, note-t-on chez Veolia Cargo.

“On tourne au ralenti, à environ 33% de notre trafic habituel”, explique un porte-parole.

Toutefois, comme Laetitia Dablanc, il estime “probable que certains clients, dans un mois ou deux, excédés par l’état de Fret SNCF, se disent +il vaut mieux qu’on s’adresse au privé+”.

Déjà, mi-novembre, le leader mondial de l’acier et premier client de la SNCF ArcelorMittal “tirait le signal d’alarme” face à la grève, estimant qu’elle pesait sur son outil industriel.

“On a toujours peur de perdre des clients” et les concurrents privés vont sans doute utiliser la grève comme “argument” commercial, reconnaît Olivier Marembaud.

Mais “les décisions (de changer de transporteur) ne se prennent pas sur un coup de tête”, tempère-t-il, espérant bien convaincre ses clients que la énième restructuration du Fret SNCF va améliorer le service.

 22/11/2007 17:58:38 – © 2007 AFP