[22/11/2007 17:09:16] LONDRES (AFP) Le débat pour ou contre la construction d’une troisième piste à Heathrow s’est engagée jeudi au Royaume-Uni avec le lancement d’une consultation nationale, le gouvernement ne cachant pas être en faveur d’un tel projet décrié par les riverains. Le texte de la consultation envisage la construction de cette troisième piste et d’un sixième terminal dans l’aéroport londonien. Le public a jusqu’au 27 février 2008 pour se prononcer. Le document suggère la construction d’ici à 2020 d’une piste de 2.200 mètres. A pleine capacité, l’aéroport pourrait absorber un peu plus de 700.000 mouvements d’avions par an contre 480.000 actuellement, avec, espère le gouvernement, un impact environnemental nul grâce à la disparition progressive des vieux appareils remplacés par des nouveaux moins polluants. Entretemps, la capacité pourrait être portée à 540.000 mouvements par une utilisation alternée des deux pistes existantes, qui servent actuellement soit aux décollages, soit aux atterrissages. La construction d’une nouvelle piste aboutirait à l’expropriation de 700 familles, dont le village entier de Sipson. La ministre des Transports Ruth Kelly a souligné dans un communiqué “qu’Heathrow fait travailler 170.000 personnes, soutient des milliards de livres d’exportations britanniques, que c’est la principale porte d’entrée vers l’économie mondiale, mais que l’aéroport opère depuis trop longtemps presque à pleine capacité, aboutissant à ce que des problèmes relativement mineurs causent des retards importants aux passagers”. Heathrow, premier aéroport européen avec 67 millions de passagers par an, a en effet été construit pour en accueillir 45 millions et se retrouve donc régulièrement engorgé. Les partisans d’une troisième piste soulignent que les concurrents, Paris, Francfort et Amsterdam, ont déjà quatre ou cinq pistes. Mme Kelly a mis en avant les 5 milliards de livres (près de 7,5 milliards d’euros) annuels que la troisième piste pourrait apporter à l’économie britannique, tout en assurant que “toute décision d’expansion devait être compatible avec des tests serrés sur le bruit et la qualité de l’air dans l’environnement local”. Edward Lister, porte-parole des associations locales, a remarqué que l’extension “ferait sûrement les affaires de l’entreprise propriétaire d’Heathrow (BAA, filiale de l’espagnol Ferrovial) mais pas celle des deux millions de voisins qui paieront le prix écologique”. Le maire de Londres Ken Livingstone et les différentes associations écologistes, Amis de la Terre, WWF, Greenpeace, se sont interrogés sur le sérieux de l’engagement pris cette semaine par le Premier ministre Gordon Brown en faveur de la lutte contre le changement climatique, et prôné un développement du rail pour réduire le nombre de vols moyen-courriers. Ces protestations semblent néanmoins de peu de poids au regard de la tentation du gouvernement, poussé par les compagnies aériennes, le patronat et les syndicats. Le patron de British Airways Willie Walsh a considéré qu’il n’y aurait “pas plus de dioxyde de carbone dans l’atmosphère” avec une troisième piste, les compagnies adhérant bientôt aux programmes d’échanges de crédits d’émission. Le patron des patrons Richard Lambert a estimé que le gouvernement “devait agir rapidement pour qu’une capacité supplémentaire à Heathrow devienne une réalité”. Les syndicats ont remarqué qu’il fallait “un débat équilibré” sur la question, à commencer que le plus gros d’entre eux Unite, tout en soulignant “que l’avenir d’Heathrow est essentiel alors que l’aviation fait vivre 500.000 emplois dans le pays”, comme l’a fait la confédération TUC. Le directeur général de BAA enfin, Stephen Nelson, n’a guère sembler douter de l’issue de la consultation en estimant qu’elle “promettait de bonnes nouvelles pour les passagers”. |
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