La Russie et l’Italie patronnent le projet de gazoduc South Stream

 
 
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Le patron du groupe énergétique italien Paolo Scaroni (G), et du groupe russe Gazprom Alexei Miller, le 22 novembre 2007 (Photo : Dmitry Astakhov)

[22/11/2007 17:32:42] MOSCOU (AFP) Les groupes énergétiques russe Gazprom et italien Eni ont profité d’une visite à Moscou du chef du gouvernement italien Romano Prodi jeudi pour mettre en vedette leur projet de gazoduc South Stream, qu’ils ont présenté comme un atout pour la sécurité énergétique européenne.

Les patrons des deux groupes, Alexeï Miller pour Gazprom et Paolo Scaroni pour Eni, ont signé jeudi en fin d’après-midi au Kremlin un nouveau contrat, prolongation de l’accord de principe dévoilé en juin dernier à Rome.

Il s’agit cette fois de la création d’une entreprise commune chargée d’une étude de faisabilité sur le gazoduc South Stream, ont indiqué les intéressés. Celle-ci sera commandée “dès que possible”, selon Eni.

“Nous allons créer une +boîte+, un instrument de coopération. Jusqu’ici nous n’avions signé que des papiers. A partir de demain, nous aurons une entreprise”, s’est félicité M. Scaroni lors d’un point presse.

Le projet prévoit que le gazoduc traversera la mer Noire depuis la Russie jusqu’en Bulgarie, où deux routes, l’une au nord-ouest et l’autre au sud-ouest “sont à l’étude”, selon Eni.

Il pourra livrer jusqu’à 30 milliards de mètres cube par an aux marchés européens, une fois achevée sa construction, qui coûtera “certainement plus de 10 milliards de dollars”, selon M. Scaroni.

“South Stream va renforcer la sécurité énergétique en Europe”, a assuré le patron italien.

Le patron d’Eni a expliqué que la visite de M. Prodi à Moscou était surtout “l’occasion de recevoir une bénédiction politique dans nos négociations avec Gazprom”.

Eni est l’un des plus proches partenaires de Gazprom en Europe occidentale, et certains politiques et analystes se sont ouvertement inquiétés de voir le géant public russe enfoncer un coin entre les membres de l’Union européenne.

L’Europe importe de Russie près du quart du gaz qu’elle consomme et s’efforce actuellement de coordonner sa politique énergétique pour réduire cette dépendance. Elle soutient notamment un autre projet de gazoduc, baptisé Nabucco, qui prévoit de convoyer du gaz depuis la mer Caspienne en contournant la Russie.

Valeri Nesterov, analyste de Troïka Dialog, pense pour sa part que South Stream est stratégique “pour Gazprom, pour l’UE et pour les approvisionnements de gaz européens”. “Il n’empêche pas la construction d’autres pipelines”, souligne-t-il.

Mais selon lui, la mise en oeuvre du projet South Stream ne sera pas forcément facile. “C’est une question géopolitiquement sensible et bien des gens s’y opposent, ainsi qu’à Nord Stream”, l’autre projet de gazoduc géant conduit par Gazprom sous la mer Baltique.

MM. Prodi et Poutine ont assisté à la signature du pacte entre les deux groupes jeudi et ont fait l’éloge de leurs relations bilatérales. “Nous formons une politique d’amitié sur le long terme”, a assuré M. Prodi au début de leur entretien. “L’économie, la politique et les valeurs partagées. Voilà sur quoi nos relations sont fondées”, a-t-il ajouté.

“South Stream a une importance stratégique, il va renforcer la sécurité énergétique de l’Union européenne” grâce au gaz supplémentaire qui lui sera livré, a renchéri M. Poutine.

Gazprom et Eni vont à présent s’atteler avec l’appui de leurs Etats respectifs à des “négociations de haut niveau avec les gouvernements des pays de transit et d’éventuels autres partenaires”, a indiqué le groupe italien.

C’est justement sur ces questions sensibles de voisinage que bute actuellement Gazprom avec Nord Stream, qui doit relier la Russie à l’Allemagne sous la Baltique en contournant la Pologne et les pays baltes.

 22/11/2007 17:32:42 – © 2007 AFP