L’euro se replie après avoir frôlé le seuil de 1,50 dollar

 
 
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Des euros et des dollars (Photo : Bertrand Langlois)

[23/11/2007 19:18:11] NEW YORK (AFP) Après l’avoir frôlé dans la journée, l’euro est resté très proche vendredi du seuil psychologique de 1,50 dollar lors des échanges américains, face à un billet vert toujours miné par la détérioration des perspectives économiques et les attentes d’une baisse des taux en décembre aux Etats-Unis.

L’euro valait 1,4833 dollar vers 19H00 GMT (20H00 à Paris), après être monté pendant les échanges asiatiques de la matinée jusqu’à 1,4967 dollar, un nouveau record. Dans le même temps, le dollar a touché un plus bas depuis juin 2005 face au yen, à 107,56 yens, avant de remonter à 108,17 yens.

La devise européenne a pris 15% par rapport au dollar depuis un an. Elle a mis moins d’un mois pour passer de 1,45 dollar à presque 1,50 dollar.

Le dollar n’a plus les faveurs des investisseurs en raison de la détérioration des perspectives économiques aux Etats-Unis et des spéculations insistantes sur une prochaine baisse des taux, de 4,50 à 4,25% dès le mois de décembre.

“La pression monte sur la Fed. Les chiffres économiques aux Etats-Unis sont mauvais et la nervosité des marchés financiers demeure. Nous pensons qu’il y a désormais toutes les chances pour que la Fed baisse ses taux en décembre”, a commenté Ian Stannard, économiste chez BNP Paribas.

La crise du crédit qui a frappé les marchés depuis l’été menace de ralentissement l’ensemble de l’économie mondiale, mais elle ne devrait être nulle part aussi sévère qu’aux Etats-Unis. La Réserve fédérale américaine (Fed) avait estimé mardi que la croissance en 2008 pourrait être aussi faible que 1,8%.

Elle a déjà baissé son taux directeur de 5,25 à 4,50% depuis septembre pour éviter un crash et préparer le rebond.

Le dollar pâtit d’autant plus de la récente baisse des taux aux Etats-Unis qu’en zone euro, la Banque centrale européenne (BCE) – dont le taux directeur est établi à 4% – ne montre pour l’heure aucune intention d’imiter la Fed.

Un terme à cette hausse est-il proche ? Tant que les opérateurs se concentreront plutôt sur les perspectives de ralentissement américaines que sur les difficultés que devra inévitablement affronter la zone euro, et tant que la Fed ne sera pas imitée par la BCE, la balance continuera de pencher en la défaveur du dollar, jugent les analystes.

“Sauf baisse des taux de la BCE, l’euro va atteindre de nouveaux pics au-dessus de 1,50 dollar”, juge Lee Hardman, de la Bank of Tokyo-MUFJ.

L’espoir de freiner l’euro réside-t-il dans une intervention institutionnelle sur le marché des changes, réclamée cette semaine par un conseiller économique du gouvernement allemand, Peter Bofinger?

“On n’a pas vu de tentative d’interposition des autorités européennes à 1,45 dollar, niveau dont on aurait pu penser qu’il aurait pu conduire à une intervention”, commente Mitul Kotecha, économiste chez Calyon.

“On ne verra vraisemblablement pas d’intervention à moins que l’euro passe 1,50 dollar”, estime-t-il.

A rebours de la sérénité habituelle de l’Allemagne, la chancelière Angela Merkel a estimé cette semaine que l’euro fort “posait naturellement aussi problème” pour les exportateurs allemands.

Pour sa part, le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, s’est comme à son habitude refusé à commenter le prix de l’euro. Mais il a multiplié les commentaires sur le volatilité excessive des changes, qu’il a jugée vendredi “pas favorable à la croissance mondiale”.

Le yuan chinois a clôturé à 7,4060 yuans pour un dollar. Il a fait une incursion sous 7,40 yuans, au plus haut depuis sa réévaluation de juillet 2005.

 23/11/2007 19:18:11 – © 2007 AFP