Economie : offensive iranienne en Afrique

Economie : offensive iranienne en Afrique

L’intérêt de l’Iran pour la
Tunisie, sur un plan économique, n’est ni fortuit ni isolé. D’abord, la
République Islamique d’Iran accorde désormais une importance extrême au
développement de ses exportations. Ensuite, ce pays nourrit en Afrique les
mêmes ambitions que les grandes puissances et veut y développer sa présence
économique.

 

D’ailleurs, la Commission mixte
tuniso-iranienne qui vient de se tenir à Tunis (19-21 novembre 2007), a eu
lieu une semaine à peine après un séminaire sur les opportunités
commerciales entre l’Afrique et l’Iran, auquel ont pris part à Téhéran des
délégations de dix pays africains.

 

Soulignant le fait que l’Afrique
a aujourd’hui besoin d’une «coopération sérieuse et très étroite», le
président Ahmadinejad a rappelé, comme pour expliquer les raisons qui
amènent son pays à s’intéresser à l’Afrique, que cette dernière est «le
continent le plus riche sur la terre » puisque «la meilleure eau, les
minéraux et les ressources naturelles, allant du pétrole à l’uranium, les
forêts les plus vastes et les meilleurs ressources humaines et culture», y
existent.

 

A la mi-novembre, M.Davoud
Danesh-Jafari, ministre de l’Economie et des Finances iranien, a souligné la
nécessité pour son pays «de promouvoir la culture de la production pour
l’exportation, particulièrement en utilisant les investissements étrangers
pour donner une impulsion aux exportations ». Les revenus des exportations
non-pétrolières de l’Iran se sont élevés à 16,3 milliards de dollars durant
l’année 2006-2007 et devrait atteindre 20 milliards de dollars durant
l’année en cours. Mais l’Iran entend porter leur taux de croissance de 5,6%
en moyenne dans les années 90, l’augmenter à 10,7% d’ici 2009, et à terme
amener ses revenus non-pétroliers de ceux qu’il tire de l’exportation du
pétrole. Et dans ce schéma, l’Afrique a un rôle important à jouer et les
Iraniens sont commencé assez tôt à s’y investir, mais en s’y prenant d’une
manière méthodique.

 

En effet, l’Iran n’a pas lancé
une offensive tous azimuts en direction du continent africain, mais a
soigneusement choisi ses cibles. Ainsi, les dix pays invités (Egypte,
Algérie, Tunisie, Soudan, Afrique du Sud, Sénégal, Tchad, Libye, Maroc, et
Kenya) à la conférence sur les opportunités commerciales, organisée à la
mi-novembre à Téhéran, ont en commun de figurer parmi les pays africains
présentant un fort potentiel pour un partenariat fructueux, soit en raison
du niveau de développement qu’ils ont atteint, qu’ils sont en train ou en
mesure d’atteindre, ou de leurs énormes ressources naturelles.

 

Cette politique, lancée depuis
près de sept ans, commence à porter fruits, puisque les échanges commerciaux
irano-africains –et, dans la foulée, les investissements iraniens en Afrique
et africains en Iran- ont commencé à se développer. Durant la conférence de
Téhéran, M.Mas’ud Mirkazemi, ministre du Commerce iranien, a révélé que
durant la période 2001-2007, les exportations africaines vers l’Iran ont
augmenté de 165%, alors que ceux de l’Iran à destination du continent noir
ont triplé. En 2007, ces échanges devraient totaliser 600 millions de
dollars, en progression de 60% par rapport à l’année précédente. Et la
tendance n’est pas près de fléchir, car l’Iran fait un forcing en vue
développer davantage son commerce avec l’Afrique. Ainsi, en plus de la
recherche d’accords commerciaux préférentiels –à l’instar de celui conclu
avec la Tunisie en janvier 2007-, la république islamique prévoit
d’organiser au cours des prochains mois –Téhéran en a réalisé 32 entre 2002
et 2006- une série d’expositions commerciales dans divers pays africains.


M.M.