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[26/11/2007 14:33:57] LONDRES (AFP) Le groupe minier australo-britannique Rio Tinto a tout fait lundi pour convaincre de ses mérites, dans un mouvement destiné à fidéliser ses actionnaires et à faire monter son prix en Bourse pour se rendre inaccessible aux manoeuvres de séduction de son rival BHP Billiton. Le numéro un mondial a en effet proposé début novembre une fusion en actions au second, ce qui créerait un mastodonte de quelque 400 milliards de dollars de capitalisation. Mais Rio Tinto, sans jamais contester la logique d’un tel rapprochement, a jugé trop faible l’offre à trois actions BHP pour une Rio. Rio, profitant d’une journée consacrée aux investisseurs, a multiplié lundi les annonces alléchantes pour ses actionnaires: triplement de la production de minerai de fer à 600 millions de tonnes par an, augmentation de 50% des synergies après impôts liées au récent achat du groupe canadien d’aluminium Alcan (qui fait de Rio le numéro un mondial de ce métal), en passant par une augmentation de 30% cette année du dividende, puis de 20% en 2008 et 2009. Le groupe a aussi annoncé 3 milliards de dollars d’investissement dans le diamant et le minerai de fer, un doublement de la production prévue à la mine de cuivre de La Granja au Pérou, et une augmentation de 50%, à 15 milliards de dollars, du programme de ventes d’actifs, consécutif au rachat d’Alcan. La ministre française de l’Economie Christine Lagarde a indiqué à cet égard qu’elle ferait preuve d’une “extrême vigilance” sur la cession des actifs français d’Alcan, la branche emballages (5.500 emplois dans 25 sites) et la branche produits usinés (5.000 personnes sur 14 sites). Les annonces de Rio Tinto ont été placées dans un contexte très optimiste. Le directeur général Tom Albanese a indiqué que “l’augmentation de la demande mondiale pour les minerais devrait se poursuivre encore des décennies” compte tenu de la vigueur chinoise et indienne. “Nous pensons avoir un meilleur potentiel de croissance que nos concurrents, avec (une manière) de travailler plus astucieuse, plus rapide et meilleure” qu’eux, a encore assuré le directeur général. Au total, il a prévenu tout le monde que “la valeur de Rio Tinto n’est pas encore complètement reflétée par le marché”. Cette stratégie a paru fonctionner à la Bourse de Sydney, où l’action Rio Tinto a terminé en hausse de 7,48% lundi. Mais parallèlement, le marché s’intéressait à un article de l’hebdomadaire chinois China Business assurant que le fonds souverain China Investment Corp., associé à des sidérurgistes chinois, s’apprêtait à lancer sa propre offre. Cette rumeur a été démentie tant par les Chinois que par Rio. Du coup, à la Bourse de Londres quelques heures après, le titre ne gagnait plus que 1,86%. La rumeur était cependant d’autant plus crédible que les Chinois, premiers producteurs d’acier du monde, auraient tout intérêt à contrôler le minerai de fer, alors que son transport maritime est dominé à 70% par Rio Tinto, BHP et le brésilien CVRD. Le propre président de Rio Paul Skinner a déclaré lundi comprendre “que les sidérurgistes mondiaux manifestent quelque inquiétude à la perspective d’une alliance BHP-Rio Tinto”. Lundi à la mi-journée, BHP n’avait pas répondu à ce déluge d’informations. Quoique certains analystes doutent de sa capacité à pouvoir acheter son rival, le numéro un semble au moins à l’abri d’une contre-offre de Rio, dont la rumeur avait couru: Tom Albanese a indiqué lundi que Rio n’avait “pas sérieusement envisagé” de racheter BHP. BHP n’a pas non plus à craindre que CVRD s’en mêle : “C’est une fête australienne à laquelle nous n’avons pas été invités”, a assuré le PDG du brésilien Roger Agnelli lundi. |
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