[26/11/2007 12:45:08] BRUXELLES (AFP) La Commission européenne s’est dite prête lundi à réexaminer un volet-clé de sa proposition de réforme de la Politique agricole commune (PAC), sur la réduction des subventions les plus élevées, qui continue de mécontenter plusieurs pays à commencer par l’Allemagne. “Je pense que nous allons examiner cela. Si (le projet à l’étude) a seulement pour résultat de morceler les exploitations, alors nous devrons réexaminer nos idées”, a déclaré la commissaire à l’Agriculture Mariann Fischer Boel avant une réunion à Bruxelles des ministres européens de l’Agriculture. Dans le “bilan de santé” de la PAC publié la semaine dernière, la Commission suggère de baisser les subventions les plus élevées versées dans l’Union européenne. Une telle mesure concernerait principalement deux pays concentrant les aides dépassant 100.000 euros: l’Allemagne, où le démantèlement des coopératives agricoles de l’ex-RDA communiste a donné le jour à de très grandes exploitations, et le Royaume-Uni où plusieurs membres de la famille royale comptent parmi les grands bénéficiaires de la PAC. Certains opposants à cette proposition ont fait valoir qu’elle risquait simplement de pousser les grandes exploitations à se morceler en plus petites unités dans le seul but d’éviter la réduction des aides. L’Allemagne, première contributrice du budget de l’UE, a réaffirmé lundi par la voix de son ministre de l’Agriculture, Horst Seehofer, son opposition à un tel plafonnement. “Il n’est pas possible qu’une modification de la politique agricole se fasse principalement aux dépens des exploitations de l’Est de l’Allemagne” qui, selon la proposition de la Commission, “devraient supporter presque la moitié des économies envisagées dans l’ensemble de l’Europe”, a-t-il dit. Bruxelles propose plusieurs autres pistes de révision de la PAC, ayant comme philosophie générale d’adapter plus encore les agriculteurs aux besoins du marché: disparition des aides liées aux quantités produites existant encore, notamment en France (le “découplage”), éliminations des prix de rachat garantis par le budget communautaire pour les céréales, fin de la jachère et des quotas laitiers. Ces aspects du “bilan de santé” ont suscité de fortes réserves en France, première puissance agricole européenne et principale bénéficiaire de la PAC. “L’important, c’est que nous devons garder une grande politique alimentaire pour l’Europe”, a dit à son arrivée le ministre français de l’Agriculture Michel Barnier. Environ 250 agriculteurs européens du mouvement Via Campesina ont manifesté au même moment devant le lieu de réunion des ministres pour dénoncer ces propositions. Elles vont à leurs yeux encore renforcer la concentration des exploitations et pousser au départ des petits paysans. Les propositions de Bruxelles n’ont toutefois pas que des opposants. La ministre espagnole Elena Espinosa s’est dite disposée à mener “un grand débat” de fond sur la PAC. Son collègue autrichien Josef Pröll a lui aussi affirmé être “prêt” à réfléchir “à un nombre limité de mesures” d’adaptation, “mais certainement pas à une réforme totale”. Par ailleurs, la Commission a indiqué vouloir venir en aide aux éleveurs de porcs européens en difficulté, via l’introduction d’aides à l’exportation pour leur viande. Une manière de faire face en particulier à l’euro fort qui les pénalise à l’étranger. Elle a par ailleurs confirmé son intention, exprimée en septembre, de suspendre pour un an les droits de douane à l’importation sur toutes les céréales, excepté l’avoine, afin de lutter contre la hausse des prix. Les ministres examineront cette proposition sans doute en décembre. |
||
|