Pouvoir d’achat : syndicats et patronat divergent sur les réponses à apporter

 
 
[26/11/2007 14:20:10] PARIS (AFP)

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Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, le 13 novembre 2007 au ministère du Travail à Paris. (Photo : Stéphane de Sakutin)

Les partenaires sociaux divergent sur la manière de répondre au défi du pouvoir d’achat, les syndicats voulant que l’Etat conditionne les allègements de charges des entreprises à des augmentations de salaires, alors que le patronat souhaite abolir la durée légale du travail.

Le pouvoir d’achat est la première préoccupation des Français, et de manière de plus en plus aiguë, deux tiers d’entre eux (65%) estimant qu’il a diminué lors des douze derniers mois, contre 57% en janvier, selon un sondage Ifop pour Dimanche Ouest France.

Après avoir promis pendant sa campagne électorale qu’il serait “le président du pouvoir d’achat”, Nicolas Sarkozy doit dévoiler cette semaine des “initiatives” en la matière.

Des annonces attendues avec d’autant plus d’impatience que les syndicats ont été déçus par la conférence sur l’emploi et le pouvoir d’achat du 23 octobre, sous l’égide du ministère de l’Economie et de l’Emploi, qualifiée de “fiasco” par Bernard Thibault (CGT).

“Le slogan +travailler plus pour gagner plus+ atteint objectivement ses limites et il y a urgence sur la question”, a prévenu M. Thibault dimanche, soulignant que les salariés attendaient “du sonnant et du trébuchant” en matière de “revalorisation du Smic et des salaires”. Le Smic a automatiquement augmenté de 2,1% en juillet, mais le gouvernement n’y a ajouté aucun coup de pouce.

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La présidente du MEDEF, Laurence Parisot, le 23 novembre 2007 à Grenoble (Photo : Jean-Pierre Clatot)

Le 23 octobre, Bercy a annoncé la création future d’une commission “consultative” et “indépendante” qui conseillerait le gouvernement sur l’augmentation du Smic, et le gouvernement n’écarte pas ensuite une réforme d’ensemble du salaire minimum. Une perspective qui inquiète les syndicats, dont certains estiment que les indices économiques pris en compte depuis 1970 (inflation et salaire horaire de base ouvrier) constituent le meilleur rempart du pouvoir d’achat pour les salariés les moins payés.

Parallèlement, les syndicats veulent que l’Etat “conditionne” les allègements de cotisations sociales consenties aux entreprises – 32,3 milliards d’euros prévus en 2008 – au dynamisme de leur politique salariale.”Une entreprise qui n’aurait pas d’accord de salaire verrait ses allègements de charges réduits”, propose Jean-Claude Mailly (FO), pour qui une telle mesure “peut booster les négociations dans les entreprises”.

Moins d’un tiers des entreprises respectent la loi qui impose une négociation salariale chaque année, pointe M. Thibault. Le gouvernement s’est dit prêt à “lever un tabou” en soumettant les exonérations à conditions, mais François Chérèque (CFDT) insiste pour “que cela aboutisse rapidement”. Cette perspective ne réjouit toutefois pas le patronat qui privilégie la suppression des “contraintes” entravant la croissance.

“La vraie question n’est pas comment je contribue à ce qu’il y ait plus de pouvoir d’achat, mais comment je contribue à ce qu’il y ait plus de croissance”, martèle Laurence Parisot (Medef).

Pour elle, il faut avant tout “baisser les prélèvements obligatoires sur les entreprises” et prévoir “la suppression de la durée légale du travail”, car “le mécanisme des heures supplémentaires n’est pas suffisant” pour doper le revenu des salariés. La CGPME a aussi appelé à “faire sauter les derniers verrous sur les 35 heures”.

Du côté des salariés, l’impatience monte, comme en ont témoigné les récents conflits à Air France ou à LCL (ex Crédit Lyonnais).

Les syndicats de fonctionnaires, qui déplorent une perte de pouvoir d’achat de 6% depuis 2000, menacent eux d’une nouvelle action début décembre si le gouvernement n’ouvre pas très vite une négociation salariale.

 26/11/2007 14:20:10 – © 2007 AFP