[26/11/2007 19:33:43] BRUXELLES (AFP) La Commission européenne s’est dite prête lundi à revoir un volet-clé de son projet de remise à plat de la Politique agricole commune (PAC), la réduction des subventions les plus élevées, qui continue de mécontenter plusieurs pays à commencer par l’Allemagne. “Je pense que nous allons examiner cela. Si (le projet à l’étude) a seulement pour résultat de morceler les exploitations, alors nous devrons réexaminer nos idées”, a déclaré la commissaire à l’Agriculture Mariann Fischer Boel, lors d’une réunion des ministres européens de l’Agriculture. Dans son “bilan de santé” de la PAC publié la semaine dernière, la Commission suggérait de baisser les subventions les plus élevées. Deux pays, concentrant les aides de plus de 100.000 euros, seraient les premiers visés: l’Allemagne, où le démantèlement des coopératives agricoles de l’ex-RDA communiste a donné le jour à de très grandes exploitations, et le Royaume-Uni où plusieurs membres de la famille royale comptent parmi les principaux bénéficiaires de la PAC. La crainte, pour certains, est qu’elle pousse simplement les grosses exploitations à se morceler juridiquement afin de contourner la réduction des aides. “Mon intention n’est pas de donner du travail aux cabinets d’avocats” qui seraient recrutés dans ce but, a ironisé Mme Fischer Boel. L’Allemagne, première contributrice du budget de l’UE (Union européenne), a réaffirmé lundi par la voix de son ministre de l’Agriculture, Horst Seehofer, son opposition à un tel plafonnement. “Il n’est pas possible qu’une modification de la politique agricole se fasse principalement aux dépens des exploitations de l’est de l’Allemagne”, a-t-il dit. Le représentant britannique à la réunion, le secrétaire d’Etat Jonathan Shaw, a répété que son pays avait “un problème bien connu” avec le plafonnement. Bruxelles propose d’autres pistes de révision de la PAC, pour inciter les agriculteurs à s’adapter encore plus aux besoins du marché, en supprimant notamment la jachère et les quotas laitiers. Ces aspects du “bilan de santé”, pleinement soutenus par des pays comme la Grande-Bretagne, ont suscité en revanche de fortes réserves de la France, première puissance agricole européenne et principale bénéficiaire de la PAC. Le ministre français de l’Agriculture, Michel Barnier, s’est montré “réservé” sur la disparition des quotas laitiers, qui pourrait favoriser la concentration de la production laitière dans certaines régions, aux dépens d’autres plus fragiles. “Je n’ai pas envie que toutes les Alpes et les Pyrénées soient vidées de production laitière”, a-t-il dit, en invitant à ne “pas baisser la garde de la PAC” et à continuer “à soutenir la production”. Environ 250 agriculteurs européens du mouvement Via Campesina ont manifesté lundi à Bruxelles contre les propositions de la Commission. La France veut profiter de sa présidence de l’UE au second semestre 2008 pour lancer un débat plus large sur la PAC après 2013. Le débat sera certes “sans tabous”, a répété M. Barnier, mais l’objectif sera d’assurer “une grande politique agricole européenne pour produire plus et mieux”. Les propositions de Bruxelles n’ont toutefois pas que des opposants. Plusieurs pays, comme l’Espagne, la Suède, le Danemark ou l’Autriche, se sont dits disposés à apporter des ajustements à la PAC. Par ailleurs, la Commission a annoncé lundi un soutien aux éleveurs de porcs européens en difficulté, via l’introduction d’aides à l’exportation pour leur viande. Une manière de les aider à faire face à l’euro fort qui les pénalise à l’étranger. |
||
|