[26/11/2007 19:24:42] PARIS (AFP) Fort de son contrat historique en Chine, le groupe nucléaire français Areva entend se développer seul, sans partenaire à son capital, qui suscite des convoitises et que l’Elysée songe à refondre pour notamment y faire entrer le groupe industriel Alstom. Le leader mondial du nucléaire a signé lundi à Pékin le plus gros contrat de l’histoire du nucléaire civil avec la vente, pour 8 milliards d’euros, de deux réacteurs de troisième génération EPR et leur combustible. A peine ce contrat signé, la présidente du directoire d’Areva, Anne Lauvergeon, estimait sur Europe 1 qu’il était “beaucoup plus intéressant de développer Areva sur ses bases et ses forces propres”, écartant l’idée de l’arrivée à son capital d’une autre entreprise. “Nous sommes un sujet trop stratégique pour (…) nécessairement devenir un objet de quelque appétit que ce soit”, a-t-elle argumenté. Mme Lauvergeon a ensuite exprimé son hostilité vis-à-vis d’une fusion éventuelle de son groupe avec Alstom, un des schémas étudié par l’Elysée, dans un entretien à France 24, estimant que “les synergies négatives” d’un tel rapprochement lui semblaient “assez importantes”. Selon elle, Areva a “un nombre de prétendants très très grand”, dont le dernier en date est le pétrolier Total qui n’exclut pas de s’inviter davantage au tour de table. Total détient actuellement 1,02% du capital d’Areva, actuellement public à près de 85%, dont 5,2% appartenant à l’Etat et 79% au Commissariat à l’énergie atomique (CEA). L’électricien EDF, qui détient 2,42% du capital d’Areva, et participe souvent aux projets d’Areva en tant qu’exploitant des centrales, est aussi sur les rangs. Ces convoitises sont nourries par le regain d’intérêt de nombreux Etats pour l’atome, Etats-Unis en tête, un pays auquel le groupe français voudrait vendre aussi son EPR. Mme Lauvergeon n’est pas hostile à une évolution du capital d’Areva, mais elle semble ainsi préférer une augmentation de capital, c’est-à-dire la vente d’actions au seul profit de l’entreprise. Le capital d’Areva est déjà ouvert à 4%, avec des certificats d’investissements (actions sans droit de vote) cotés à la Bourse de Paris. L’Etat français de son côté songe à différents schémas, parmi lesquels une fusion avec Alstom ou une entrée du groupe de BTP Bouygues, ce qui supposerait dans le premier cas d’évincer l’allemand Siemens, principal concurrent d’Alstom. Siemens détient 34% du capital d’Areva NP, la filiale réacteurs du groupe nucléaire. Mais la ministre française de l’Economie, Christine Lagarde, a menacé de remettre en cause ce partenariat si l’Allemagne abandonnait le nucléaire d’ici à 2020. Pourtant le contrat chinois, qui s’appuie sur la technologie d’Areva et Siemens, est “emblématique” de “l’ancrage nécessaire de Siemens chez Areva”, estime un analyste de CM-CIC. Areva ne veut pas d’une sortie de Siemens ni d’une fusion avec Alstom, car il estime avoir “assez de relations avec les électriciens pour gagner de nouveaux contrats”, rapporte un analyste de la Société générale. En outre, les relations sont réputées peu cordiales entre les patrons des deux entreprises, Mme Lauvergeon et Patrick Kron. Entre ces deux scénarios, le CEA fait pression pour ouvrir le capital d’Areva, afin de financer les fonds de démantèlement de ses anciennes installations civiles et militaires. Il réclame 20% des titres pour le fonds civil et 7,5% pour le fonds défense. |
||
|