Retraits suspects de l’UIMM : Gautier-Sauvagnac entendu mardi par la police

 
 
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Denis Gautier-Sauvagnac participe à une réunion sur la prise en compte de la pénibilité dans l’âge et le calcul des retraites, le 26 septembre 2007 à Paris (Photo : Mehdi Fedouach)

[26/11/2007 20:01:10] PARIS (AFP) Denis Gautier-Sauvagnac, président démissionnaire de l’UIMM (patronat de la métallurgie), est convoqué mardi après-midi à la brigade financière de Paris dans le cadre de l’enquête sur des retraits en liquide suspects des caisses de l’UIMM, a-t-on appris lundi de sources proches du dossier.

Le délégué général de l’Union des métiers et des industries de la métallurgie sera entendu sous le régime de la garde à vue dans le cadre de l’enquête préliminaire ouverte le 25 septembre par le parquet de Paris.

A l’issue de cette garde à vue, qui peut durer 48H00, le parquet devrait ouvrir une information judiciaire pour permettre la présentation de M. Gautier-Sauvagnac à un juge d’instruction en vue de son éventuelle mise en examen.

La justice avait été informée des retraits suspects par un signalement de Tracfin (Traitement du renseignement et action contre les circuits financiers clandestins), la cellule contre le blanchiment du ministère de l’Economie et des Finances qui enquêtait depuis 2004.

L’enquête du parquet a montré que des prélèvements d’espèces d’un montant de 22 millions d’euros avaient été opérés entre 2000 et 2007 sur les comptes de l’organisation patronale.

Ces fonds provenaient d’une caisse de secours mutuel, l’Epim, créée en 1972 et destinée à soutenir les entreprises adhérentes ayant subi des préjudices lors de conflits sociaux. Les fonds non-utilisés de cette caisse sont aujourd’hui valorisés à environ 600 millions d’euros, selon l’UIMM.

M. Gautier-Sauvagnac, dit “DGS”, a reconnu avoir effectué ces dernières années des retraits en liquide dans cette caisse de l’ordre de “2 millions d’euros par an” depuis sa prise de fonction en 2000, en précisant que le système existait avant lui.

Les policiers de la brigade financière cherchent à connaître la destination de 17 de ces 22 millions d’euros retirés – 2 millions ont été saisis dans les coffres de l’UIMM et 3 millions versés à des salariés – et à savoir si elle peut être ou non constitutive d’un abus de confiance, relever de la corruption ou du financement de partis politiques.

La piste d’un financement politique a été formellement démentie par M. Gautier-Sauvagnac selon qui l’UIMM “n’a apporté aucune aide aux partis”.

Parmi les autres pistes envisagées par les enquêteurs, celle d’un financement syndical – démenti par ces organisations – semble pour l’heure privilégiée, selon des sources concordantes.

Le président démissionnaire de l’UIMM a lui même indiqué que ces retraits en liquide avaient contribué principalement “au financement de différents organismes qui font partie de notre vie sociale”. Son prédécesseur, Daniel Dewavrin, a expliqué qu’il s’agissait de “fluidifier les relations sociales”.

L’UIMM, comme les syndicats de salariés, relève de la loi Waldeck-Rousseau de 1884 qui la dispense de publier ses comptes.

Devant les policiers, M. Gautier-Sauvagnac pourrait se prévaloir de cette loi pour refuser de s’expliquer sur la destination des fonds, selon une source proche de l’organisation patronale.

L’hypothèse d’un enrichissement personnel de DGS, liée notamment aux conditions d’achat de son appartement grâce à un prêt de l’UIMM, a été écartée par les enquêteurs de Tracfin et semble ne pas être privilégiée par les policiers.

Pour l’heure, M. Gautier-Sauvagnac a reconnu qu’une partie des retraits en liquide, estimée par le parquet à trois millions d’euros, a servi à verser à des collaborateurs “un complément de rémunération correspondant à des primes de cabinet”. Une pratique ancienne à laquelle il dit avoir mis fin en décembre 2006 mais pour laquelle il pourrait être poursuivi, selon une source judiciaire.

 26/11/2007 20:01:10 – © 2007 AFP