Méfiance sur Citigroup, contrainte d’appeler à l’aide un émirat du Golfe

 
 
CPS.HRA07.271107201754.photo00.quicklook.default-156x245.jpg
Le siège de Citigroup le 11 avril 2007 à New York (Photo : Don Emert)

[27/11/2007 19:18:56] NEW YORK (AFP) Citigroup va renflouer ses caisses en vendant une part de son capital à Abou Dhabi pour 7,5 milliards de dollars, mais ce sauvetage précipité jette le doute sur la solidité de la première banque américaine par la taille de bilan.

D’un côté, les marchés étaient soulagés par l’apport de l’émirat, qui tombe à pic pour une banque affaiblie par la crise des crédits hypothécaires à risque (“subprime”). De l’autre, ils s’inquiétaient que Citigroup ait dû appeler l’émirat à l’aide, et ce au prix fort, en lui accordant d’énormes intérêts.

Après sa chute de 3% lundi, l’action Citigroup remontait de plus de 2,48% mardi vers 16H00 GMT, à 30,54 dollars, ce qui reste l’un de ses plus bas niveaux depuis cinq ans.

“Cette recapitalisation de Citigroup est une bonne nouvelle. Elle arrive comme une bouffée d’oxygène”, a commenté Peter Cardillo, analyste chez Avalon Partners.

“Mais le retour à la stabilité à un coût”, a relevé la Deutsche Bank, en soulignant que Citigroup a accepté de rémunérer les fonds apportés par Abou Dhabi 11% par an, un taux particulièrement élevé.

Au total, la banque devra donc verser à Abou Dhabi d’ici à 2010-2011 plus de 1,7 milliard de dollars en intérêts.

“Ce taux d’intérêt élevé souligne les problèmes de Citigroup, qui paie cher l’investissement d’Abou Dhabi. Mais cet investissement renforce son capital et montre que l’émirat la considère comme une valeur positive à long terme”, estime Patrick O’Hare, de Briefing.com. “Mais ce n’est pas une panacée: Citigroup reste affaiblie par les incertitudes sur l’ampleur de son exposition aux +subprime+”, conclut-il.

L’apport d’Abou Dhabi sera ensuite converti en actions Citigroup en 2010-2011, ce qui donnera à l’émirat jusqu’à 4,9% du capital de la banque, dont il deviendra ainsi le premier actionnaire.

Ce n’est pas la première fois que Citigroup est renflouée par un investisseur du Golfe: son premier actionnaire est déjà le prince Al Walid bin Talal, qui possède 3,6% de Citigroup.

Grâce à l’apport d’Abou Dhabi, Citigroup va immédiatement redresser son bilan: cet apport regonflera ses fonds propres, laminés par des dépréciations massives sur son portefeuille de crédits hypothécaires.

“Cette opération lui donne une marge de manoeuvre pour reconstituer son bilan (…), passer des dépréciations supplémentaires et améliorer ses provisions face aux défauts de paiements”, a analysé la Deutsche Bank dans une note lundi. “Mais elle ne lui permettra pas de faire les trois”, poursuit-elle, en avertissant aussi que l’opération réduira mécaniquement le bénéfice par action, et pourrait entraîner une diminution du dividende.

Contrainte de rechercher des appuis financiers dans le Golfe, Citigroup a vu son étoile décliner ces derniers mois: encore première banque du pays en terme d’actifs, elle est maintenant passée deuxième en valeur boursière, derrière Bank of America, car son action a fondu de plus de 30% depuis début octobre, et de 44% depuis juin.

La crise des crédits de mauvaise qualité a plombé ses comptes, l’obligeant à déprécier son portefeuille de plus de 3 milliards de dollars au troisième trimestre, puis d’annoncer quelques jours plus tard encore 8 à 11 milliards de dépréciations supplémentaires à prévoir au quatrième trimestre.

Le prince al Walid, choqué par ces dépréciations à répétition, a lâché le PDG Charles Prince, une des figures de Wall Street, qui début novembre a dû démissionner. Citigroup n’a actuellement qu’un président par intérim en attendant de trouver un successeur à M. Prince.

Sa rivale Goldman Sachs a encore affaibli l’image de Citigroup la semaine dernière, en affirmant qu’elle devra en fait passer au moins 15 milliards de dépréciations supplémentaires.

 27/11/2007 19:18:56 – © 2007 AFP