[27/11/2007 12:52:55] BRUXELLES (AFP)
Les dirigeants européens vont profiter de deux rencontres au sommet en Chine pour accentuer leur offensive sur le yuan faible, au moment où l’euro atteint des sommets, et exprimer leur préoccupation face au déficit commercial bilatéral de l’UE qui se creuse. Fait sans précédent, une “troïka” des principaux dirigeants économiques de la zone euro, le président de l’Eurogroupe (forum des ministres des Finances) Jean-Claude Juncker, le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet et le commissaire européen aux affaires économiques Joaquin Almunia, sont mardi à Pékin pour parler des problèmes de changes. La Chine est accusée de maintenir sa monnaie à un niveau artificiellement bas pour soutenir ses exportations et sa très vigoureuse croissance économique, ce qui lui procure un avantage compétitif supplémentaire par rapport aux Européens déjà pénalisés par la hausse de l’euro. La troïka européenne entend expliquer aux autorités chinoises qu'”un certain nombre de comportements doivent être corrigés dans le sens de nos attentes”, a prévenu cette semaine M. Juncker. Ce pèlerinage interviend en parallèle à la visite dans le pays du président français Nicolas Sarkozy, qui compte parmi les dirigeants européens les plus critiques à l’égard du yuan faible. Il précèdera par ailleurs une visite similaire en Chine sur le même sujet d’une délégation gouvernementale américaine de haut rang, conduite par le secrétaire au Trésor Henry Paulson, les 12 et 13 décembre. Les Etats-Unis et l’Europe ont décidé de conjuguer leurs efforts pour faire pression sur Pékin dans ce domaine.
Les Européens n’attendent toutefois pas de miracle de leur démarche, la Chine répétant à l’envi qu’elle ne se fera pas forcer la main et avancera progressivement sur la question d’une plus grande “flexibilité” du yuan. “On espère qu’il en résultera quelque chose”, souligne prudemment un diplomate européen de haut rang à Bruxelles. Les questions commerciales devraient également constituer un gros morceau d’un sommet Chine-UE programmé dans la foulée mercredi à Pékin. Les Européens, qui réfléchissent à un durcissement de leur arsenal de représailles commerciales à l’égard de la Chine, ne cessent de l’appeler à ouvrir davantage son marché. Le déficit commercial bilatéral de l’UE, après avoir atteint 130 milliards d’euros en 2006, devrait encore s’accentuer cette année (il s’élevait déjà à 100,8 milliards d’euros sur les huit premiers mois de l’année). “L’Europe s’ouvre de plus en plus à l’égard de la Chine, mais je ne peux continuer sur cette voie si la Chine ne montre pas le même degré d’ouverture à notre égard”, a averti le commissaire européen au commerce Peter Mandelson dans un entretien vendredi au Financial Times. “Il y a de vrais problèmes d’accès au marché, de protection juridique, de contrefaçon”, a-t-il ajouté. En dehors des questions commerciales, les sujets de contentieux ne manqueront pas lors du sommet: les droits de l’Homme, alors que la chancelière allemande Angela Merkel a encore été très critiquée par les Chinois pour avoir reçu le dalaï lama, le nucléaire iranien (les Chinois sont très réticents à adopter de nouvelles sanctions contre Téhéran), la junte birmane, ou le réchauffement climatique, contre lequel les Européens attendent des efforts de Pékin. L’UE souhaite “obtenir si possible une implication beaucoup plus forte de la Chine dans la résolution des situations de crise”, ainsi que de “son implication dans des problèmes plus globaux comme les questions d’environnement”, souligne le diplomate européen. |
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